Cédric Streuli (Fest Hautes Fréquences) interview

L’année dernière, nous avons assisté à la sublime première édition du festival Hautes Fréquences, située dans le cadre impressionnant de la carrière qui surplombe la ville, au milieu de la prairie fleurie printanière. Spectrum y a offert un concert inspiré et intense. Cette année 2015, le festival déménage pour se rapprocher de la ville, la carrière lui étant dorénavant interdite à cause de permis municipaux. Cette fois-ci, l’événement aura lieu au même endroit où se déroulait auparavant le Leysin Festival. Il y aura un camping gratuit à disposition, ainsi que toutes les commodités (boissons, nourriture, etc.). 

Nous avons rencontré Cédric Streuli, organisateur du festival Hautes Fréquences, pour lui demander de présenter son festival à nos lecteurs. Celui-ci en est à sa deuxième édition cette année et propose une programmation éclectique conçue comme un mixtape de dj : elle mélange plusieurs styles pour assurer un meilleur impact de chaque groupe. L’endroit où se situe l’événement est de rêve : Leysin, la ville de montagne autrefois relai de la route Europe-Inde pendant les années hippies. Cédric, également connu grâce à son projet musical Buvette, répond à nos questions à la gare de Vevey, peu avant de s’embarquer pour Leysin, sa ville natale.

Comment est née l’idée de faire un festival à Leysin ?

L’idée est née entre mon collègue Benjamin Barthes, qui est aussi mon ingénieur du son (pour Buvette), et moi. L’an dernier nous avons fait le festival dans une carrière au-dessus du village de Leysin. Le concept de Hautes Fréquences n’était pas encore défini, l’idée était juste de faire un événement musical sur cette carrière. Cela faisait dix ans qu’on en parle et puis on pu le faire finalement l’an dernier. On n’est plus dans le même lieu cette année. Mais le but premier était de faire des concerts dans cet endroit incroyable et on a réussi à le faire. Après, il y a bien sûr l’idée de faire découvrir de la musique aux gens et de faire une fête entre amis, mais le but premier était celui-là, de faire quelque chose avec cette carrière. Nous avons pu le faire de manière correcte, avec le soutien de la commune, sans tomber dans une rave clandestine.

Quel est ton bilan de la première édition ?

Je suis très content parce que c’était émotionnellement très fort. C’était trop beau de voir des groupes que j’adore et tous mes amis réunis dans un lieu que je chéris avec un temps magnifique. Après, la fréquentation a été bonne. C’était la première édition d’un festival à 1500 mètres. On a eu environ 550 personnes sur les deux jours. Pour moi, c’est un bon bilan. On est rentrés dans nos frais. Nous sommes soutenus à fond par la commune de Leysin et par l’Office du Tourisme, qui nous font une garantie de déficit, mais à part cela nous ne recevons pas 50 mil francs du canton ou de la Loterie Romande. Du coup, nous avons eu une toute petite perte d’environ 5% de notre budget général. Du coup, ça a marché.    

Est-ce que vous avez eu des retours du public et des musiciens ?

On a eu beaucoup de retours du public et des gens qui sont venus travailler, etc., parce qu’il y a quelque chose d’incroyable qui s’est passée. Les meilleurs retours que j’ai et qui me font encore plus plaisir, sont ceux des artistes. Je suis toujours en contact avec Sonic Boom, Peter Kember, après le concert de Spectrum l’an dernier. On ne s’appelle pas tous les jours, mais il m’a dit qu’il parle à plein de gens du festival. Alexander Robotnik qui était là aussi l’année dernière, a mentionné Hautes Fréquences comme faisant partie des meilleurs endroits où il a joué en 2014. Laure (Bétris) de Kassette me parle du festival à chaque fois que je la croise. Il y a vraiment un enthousiasme de la part des artistes, ce qui est très important pour moi. D’habitude un festival c’est juste un défilé d’artistes sans qu’il y ait vraiment d’échanges, alors qu’à Hautes Fréquences ça a été le cas. Nous avons cette maison où tout le staff et les artistes logent pendant trois jours, ce qui donne quelque chose d’incroyable. C’est une équipe d’amis qui invite d’autres amis jouer et faire une fête ensemble, voilà la différence avec d’autres festivals plus grands.

Comment est-ce que vous établissez la programmation ?

La programmation je la fais tout seul. C’est chaud. Parfois ça commence par une tête d’affiche, parfois même pas. Tu as quelques groupes par exemple qui seraient disponibles pour jouer le samedi qui tendent vers un style. J’essaie de contrecarrer ce style en proposant quelque chose de différent le même soir. C’est souvent par rapport aux premiers groupes qui sont bookés que j’essaie de faire ensuite en sorte que ce ne soit pas exclusivement une soirée électronique ou une soirée rock. Je pense la soirée comme un chemin musical, comme une grosse mixtape de dj, un truc qui commence et qui fait en sorte que le groupe qui suit crée un effet lorsqu’il arrive sur scène. Que ce ne soit pas trois groupes du même style et qu’on arrive à quelque chose d’un peu lassant, peut-être, dans la programmation. Ce n’est pas une programmation centrée sur un seul style musical, elle est très ouverte, dans le but d’inviter plein de gens différents à écouter de la musique et de rassembler plein de familles musicales différentes.

Est-ce que tu peux nous présenter la programmation de cette année ?

Nous avons d’abord le vendredi qui sera un peu plus World Music, vu qu’il y a Awesome Tapes from Africa. Il y a aussi Mdou Moctar, ainsi que Larytta qui sont dans des rythmes assez tropicaux qui rappellent un peu l’Afrique. Au milieu de cela, il y aura aussi Acid Baby Jesus, un trio grec un peu plus garage-rock qui mélange des influences grecques. En début de soirée, il y a Zayk qui commence.

Ensuite, le samedi nous commencerons avec le tout dernier concert de Wellington Irish Black Warrior, ils se séparent par la suite. Cela va être assez chargé émotionnellement, je pense. Derrière cela, il y aura les Pussywarmers de Lugano et Zurich, qui font une sorte de surf-rock burlesque qui tape dans plein de trucs, des fois cela rappelle aussi Jefferson Airplane, ils ont Reka, une fille hongroise qui chante.

Par la suite, il y aura Great Black Waters, le projet de Bjorn, qui est plus dans un songwriting folk-rock. Ensuite, il y a Fabien Berger, qui est entrain d’exploser Paris et qui a en ce moment une grande attention en France, qui fait de la pop française binaire et acide. C’est chanté en français avec des morceaux à textes et à ambiances, c’est très cinématographique. Ça suit avec le collectif de Portland Eternal Tapestry, formé autour de deux frères, qui ont différentes formations selon les tournées. Là, ils seront quatre. Ils font du gros rock psyché, je crois qu’ils vont jouer cinq morceaux en une heure. Ce peut être très atmosphérique comme ils peuvent faire un morceau de 20 minutes avec des riffs et deux solos de guitare tout le long. La nuit termine avec Helena Hauff et son dj set qui durera deux heures. Elle vient de Hambourg et qui envoie de la techno assez old school et quelque chose de plus acid (house). Elle est hyper radicale dans ses choix et crée des ambiances assez tendues où elle va pouvoir balancer vraiment des trucs assez extrêmes. Elle joue avec la paix ambiante qui peut régner. Pour moi, elle représente le chaos et une approche très intéressante du dj set car elle joue plus sur les ambiances et sur la tension. 

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