Chroniques CDs

George Harrison

Retour de la rubrique Déchronologie après les principaux festivals de l'été. A l'honneur cette fois-ci, une nouvelle compilation qui suscite le débat: LET IT ROLL de George Harrison, recueil imparfait de dix-neuf morceaux.

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Schnitzer

Tout commence avec la pochette. Hideuse, d’une part, et surtout détail manifeste d’un grand tableau qui en dit, lui, probablement long, contrairement au dit détail qui ne rime à rien. Tout ceci n’est en fait qu’une métaphore. Une métaphore de la position, dans l’espace et dans le temps, de Schnitzer. Dans l’espace d’abord, car autour de tout style, il y a des « péri-styles ». Dans le sujet qui nous intéresse, il y a le rock indie du début des nineties. Ou plus exactement, suite au rock indie US des années 80, il y a eu le grunge et l’indie, notamment, qui ont accouchés de combos très divers et à qualité variable (Nirvana pour le bruit et le groove, Weezer pour le groove et le côté estudiantin, et caetera jusqu’à arriver à des merdes sans nom comme That Dog, dont le seul but était de trouver des mélodies nunuches faites avec de gros sons, et plus les piles étaient à plat dans les pédales d’effets, plus le son était dégueulasse, mieux c’était). Et ces courants ont aussi généré ces fameux « péri-styles », la plupart des styles en cul-de-sac absolus.

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Blur

Neuf ans après le best-of paraît une nouvelle compilation sur l'oeuvre complète de Blur, à l'heure où le groupe se reforme (provisoirement?). Bien entendu, rien n'est à jeter. Notre expert décortique ce "Guide du débutant pour Blur".

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Chairlift

Le trio électro-pop Chairlift, formé en octobre 2005, a enregistré en 2009 leur second album : DOES YOU INSPRIRE YOU. Le premier single "Bruise" est un petit bijou aux sons pop. Dès les premiers boom tchik de la boîte à rythme notre tête se meut de gauche à droite. Involontairement notre bouche murmure les paroles simples et répétitives. Bref, un single efficace qui, sans suprise, a été utilisé pour la campagne de pub d’Apple. Pour les adeptes de la métaphore sucrée, on peut utiliser l’image éculée du bonbon pétillant qui éclate dans la bouche. Malheureusement son arôme trop fort (et écoeurant) anesthésie notre palais pour la suite de la dégustation, les morceaux se distinguant peu ou prou les uns des autres. Ce nouvel album est marqué par les accompagnements intentionnellement démodés. Ainsi, « la pièce maîtresse de l’album » , "Planet Heath", débute par des gazouillements d’oiseaux, puis par des percussions asiatiques, le tout forme un accompagnement au rythme appuyé qui ferait à merveille office de musique pour film érotique des années 80’s (qui passe sur RTL9, on s’entend). "Flying Saucer Hat" est un exemple encore plus probant, chanté par Caroline Polachek, en français, on décele surtout le synthétiseur, affublé d’options vintages, et ses petits riffs à l’aspect enfantin.

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Tiny Vipers

Publié chez Sub Pop, LIFE ON EARTH de Tiny Vipers détonne dans le catalogue de l’incontournable label de Seattle. Originaire elle aussi la ville de l'Etat de Washington, Jesy Fortino – de sa vraie identité - possède néanmoins une grandeur d’esprit consubstantielle aux artistes signés chez Sub Pop. Cette « Vie sur terre » d’une cinquantaine de minute ravira les fans de musique sur le fil, où l’on se prend les pieds dans le tapis par tant de subtilité. Difficile en effet d’y entrer et même de discerner les plages entre elles, entre parties absorbées de guitares, répétition soigneuse de textes, et de silences célestes. Jesy Fortino semble attendre… Il n’y a par contre rien de soporifique dans les onze morceaux des Miniscules Vipères, tout est précautionneux, mesuré et hautement contemplatif. Parfois, on distingue dans ce dépouillement un timbre proche de Michael Stipe ou de Shannon Wright, tout en gardant une approche très personnelle, entre échos et murmures. LIFE ON HEART est austère, abstrait mais porteur d’espoir dans son ensemble. Un disque oxymorique en résumé…On est loin ici d’une Soap & Skin par exemple. On y entrevoit la lumière quand la guitare de Jesy Fortino se fait plus présente, comme sur le très REM Time Takes, ou l’éponyme Life on Heart, sommet de folk sidéral. Contemplatif, parfois hanté, ce deuxième album de la jeune américaine est à garder précieusement pour y passer l’hiver prochain au chaud.

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Magnolia Electric Co.

Il y a du vécu dans cette musique et dans cette voix. Magnolia Electric Co. est le groupe. Jason Molina la voix. JOSEPHINE est le troisième album d’une troupe portée autour de ce folkeux avec lequel il n’est pas vraiment facile de s’y retrouver. Jason Molina, de Lorain, Ohio, a d’abord été bassiste dans des groupes de heavy metal avant d’entamer une carrière solo. En 1996, il fonde Song : Ohia, groupe à taille variable autour de lui-même et écrira sept albums en sept ans d’activité. En 2000, Song : Ohia sortira pas moins de trois disques dans la même année ! Très rapidement, Molina sera fidèle au label Secretly Canadian (Antony and the Johnsons, Foreign Born, I Love You But I've Chosen Darkness et encore d’autres groupes merveilleusement indie). Il collaborera aussi de nombreuses fois avec l’infatigable producteur et, accessoirement, membre de Shellac, le grand Steve Albini (Nirvana, Pixies, Manic Street Preachers). Voilà pour la situation de Magnolia Electric Co. Petit historique indispensable, car le groupe gagne à être connu.

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Expatriate

On a souvent parlé du rock indie en ces lignes, parfois pour en dire du bien, parfois du mal. A tort ou à raison jugeront certains. Cette fois-ci nous décidons d’en dire du bien, ce qui plaira à ceux d’entre vous qui vont entrer en 1ère année d’école d’art. Ici et parce que le lectorat aime la comparaison facile, Expatriate fait penser à The Appleseed Cast. Forte personnalité à l’appui, les quatre Australiens sont passé par cette bonne vieille Europe et par les routes US et leur musique s’en ressent : ils savent ce qu’ils font et où ils vont. HOME est un EP 4 titres haut en couleurs. Il y a d’abord "Gotta Get Home". On est tout de suite transporté dans un pays imaginaire, des landes, le vide, le désert, des collines rugueuses comme à l’intérieur de la pochette, et tout ceci à toute vitesse, comme un film super 8, à l’apparence rugueuse lui-aussi, passé en accéléré. Mais l’auditeur est bercé, il voyage, son cœur est balancé par une rythmique quasiment constante. "Blackbird" illustre probablement le mieux la pochette: des collines de soie (probablement un drapeau?) car le contenant, éphémère, glisse délicatement sur nos tympans tandis que le contenu fait penser à l’intérieur de la pochette, mentionné plus haut : construit de guitares tranchantes, acérées, d’une frappe sûre d’elle, la basse ne fait pas que construire le rythme et poser les bases, c’est un instrument de mélodie. Et bien téméraire qui s’aventure à contrer toute cette énergie. Il y a un côté doucement

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Graham Coxon

Ah Graham Coxon. Que voilà un grand homme. Humble, modeste, excellent musicien (guitariste mais pas seulement), très créatif, il aura été celui qui pendant dix ans au sein de Blur aura le mieux aidé ce génie absolu de Damon Albarn à mettre ses idées en musique, ce qui n’est vraiment pas rien. Tout ceci avant qu’au début des années 2000, ne se reconnaissant plus dans les délires africains de son acolyte et terriblement frustré que ses compositions ne soient quasiment jamais retenues au moment de l’enregistrement des albums (le syndrome George Harrison / Kim Deal / Dave Grohl), Graham ne quitte le groupe et n’entame une carrière solo artisanale et souvent brillante ponctuée jusqu’à aujourd’hui de six albums en solitaire. Sur ce septième essai intitulé SPINNING TOP, Graham abandonne en très grande partie la pop irrésistible qui avait le succès de ses précédents HAPPINESS IN MAGAZINES et LOVE TRAVELS AT ILLEGAL SPEEDS

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Ebony Bones!

Nom de Dieu que ça fait du bien un album pareil. Un album dans lequel on ne sent aucun calcul, aucune envie d’appartenir à quelque mode ou courant musical que ce soit. Un album dans lequel on sent une sincérité, une patte, une personnalité. Un album où rien n’est formaté, rien n’est lisse, rien n’est prévisible. Un album qui n’est qu’un joyeux bordel, fun, dansant et enthousiaste. Ebony Bones! est donc présentée comme la nouvelle diva trash à la Amy Winehouse. J’ai même entendu parler de « Beyonce punk » à son propos. Ces qualificatifs sont naturellement faux. Même si son premier album, BONE OF MY BONES, est un gigantesque carambolage de styles (soul, funk, electro, rap, rock, punk, musique africaine, trip hop, glam) et d’influences (Tricky, Funkadelic, Queen Latifah, Beastie Boys ou, mais oui, T-Rex -les claquements de main servant de rythmique sur "W.A.R.R.I.O.R." ne viennent pas de nulle part !-) Ebony Bones! n’est qu’elle-même, rien d’autre qu’elle-même.

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The Dead Weather

Parvenu dans notre boîte à lettre sans crier gare, HOREHOUND est un grand album de blues rock actuel. Ses concepteurs ? Répondant de l’énigmatique nom The Dead Weather pour mieux se cacher, le quatuor rassemble quelques belles personnalités. Supergroupe pour les fainéants, The Dead Weather possède une cohésion évidente et une force de frappe lui donnant une âme toute particulière dans cette décennie éponge. La présence de Jack White n’est pas son salut. Meneur des White Stripes, il s’était déjà humblement associé à un collectif pour créer The Raconteurs. Pour ce nouveau projet, l’érudit de Détroit conserve ses préceptes mais officie à la batterie. Qui pour le remplacer à la guitare ? Un proche, Dean Fertita, actuel guitariste de Queens of the Stone Age mais aussi des Raconteurs. A la basse, Jack Lawrence, lui aussi des Raconteurs tout en menant la barque des Greenhornes

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