Pour quelle raison Bruce Springsteen s'est entiché du producteur Brendan O'Brien, je l'ignore. Alors que Springsteen produisait lui-même ses albums, depuis THE RISING, il s'est adjoint les services du producteur d'Audioslave, AC/DC, Rage Against The Machine... Ceci à l'exception de l'album PETE SEEGER SESSIONS, bouclé à la maison en trois jours..

Bruce Springsteen

bruce springPour quelle raison Bruce Springsteen s’est entiché du producteur Brendan O’Brien, je l’ignore. Alors que Springsteen produisait lui-même ses albums, depuis THE RISING, il s’est adjoint les services du producteur d’Audioslave, AC/DC, Rage Against The Machine… Ceci à l’exception de l’album PETE SEEGER SESSIONS, bouclé à la maison en trois jours..

Nul n’a besoin d’une oreille surdéveloppée pour constater que le son du E Street Band s’en est trouvé changé, voire (dirons les puristes) dénaturé. Trop de chansons de THE RISING étaient polluées par des gimmick électroniques, boite à rythme, et sur MAGIC, trop de pistes superposées, un manque de distinction entre les guitares, des solos ensevelis sous des arrangements parfois pompeux, et des cordes à revendre… Il suffit de réécouter "Backstreet" en 1975 enregistré à quatre musiciens, ou "Drive All Night", pour comprendre que la puissance et l’intensité du E Street Band ne vient pas du nombre des pistes empilées sur un magnéto…

WORKING ON A DREAM ne fait donc pas exception à cette nouvelle règle. L’album a été enregistré très vite, entre deux dates de tournée Magic, et Springsteen disait que la plupart des versions sélectionnées étaient les premières prises. Mais le mixage, la production de O’Brien, ne rend pas compte, malheureusement, de cette spontanéité. Le son est sans relief. La caisse claire de Max Weinberg ne claque plus puissamment, ni le piano de Roy Bittan, mixé très en arrière, comme l’orgue Hammond, et on a du mal à s’y retrouver entre toutes les guitares superposées. Et où est passé Clarence Big Man Clemons ? WORKING ON A DREAM aborde des styles différents. On savait le Boss grand admirateur (entre autre) de la soul de Sam Cooke, désormais il faudra compter avec la pop de Brian Wilson. Il faut aussi prendre en compte l’âge du Boss, qui mine de rien a 60 berges (eh oui…) qu’il regarde derrière lui, et repense sans doute aux chansons de Roy Orbinson qu’il écoutait à la radio (écoutez la seconde voix à la fin de "Queen Of Supermarket").

L’album commence par "Outlaw Pete", chevauchée de 8 minutes ensevelie sous les violons, épique et intense, avec un harmonica chialant. Ce n’est sans doute pas un "Jungleland" bis, mais en concert, ça donnera son pesant de décibels ! "My Lucky Day", est du pur Springsteen brut de décoffrage, tendu, comme on l’aime. "This Life" ou "Surprise" sont d’aimables compositions pop. Intéressons nous plutôt à "What Love Can Do" ou "Good Eyes", un blues crasseux sur douze mesures, sauvage, digne de la nouvelle version déjantée de "Reason To Believe".

WORKING ON A DREAM n’est pas l’album 100% rock attendu. Ce qui n’en fait pas pour autant un mauvais album. Disons que 3 ou 4 chansons étaient dispensables… Le disque transpire de toute la générosité de Springsteen envers les personnages dont il raconte les vies, les doutes, les désillusions sous l’ère de W. Bush, ainsi que son amour pour Patti Scialfa. Un album qui sonne finalement plus mélancolique, apaisé, que vindicatif. On attend encore un enregistrement digne de DARKNESS, BORN IN USA, THE RIVER, où on retrouverait en plus de sa verve intacte, le son puissant du E Street Band, débarrassé de ces effets de production artificiels, dont Springsteen n’a nul besoin pour imprégner sa musique de lyrisme, d’émotion, et de vérité. Mais gageons, que sur scène, il boostera tout ça, car c’est définitivement devant un public qu’il reste le patron. A vérifier le 16 juillet aux Vieilles Charrues.

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