dimanche , 10 novembre 2024
Oh le joli premier album des Californiens d'Avi Buffalo ! Dix titres sans prétentions mais d'une élégance rare qui se détachent facilement des sorties actuelles. Ces jeunes gens de Long Beach sont brillants: à surveiller de près. Attention: pas hype du tout.

Avi Buffalo

NEW MUSIC Oh le joli premier album des Californiens d’Avi Buffalo ! Dix titres sans prétentions mais d’une élégance rare qui se détachent facilement des sorties actuelles. Ces jeunes gens de Long Beach sont brillants: à surveiller de près. Mais attention: pas hype du tout.

La crise aidant, peut-être, on assiste actuellement à un certain retour aux belles choses, précieuses et sincères. En parallèle, le renversement de l’attention des médias de la côte Est à la côte Ouest fait que la plupart des sorties musicales intéressantes de ces 500 derniers jours provient de LA, Portland ou San Francisco (le génial label Sub Pop et nos confrères ricains de Pitchfork aidant aussi, c’est certain). Partant de ce postulat, impossible de rater ce mois-ci la sortie du premier LP de Avi Buffalo. Pas original pour un sous, mais ô combien attachant, et comment. Nonobstant le produit d’appel, ”What’s In It For”, très Shins mais bien trop long, chœurs en avant avec son clip assez commun, tout adorateur de pop grandiose, mais aussi de folk, y trouvera son compte.

Pique-nique lumineux

Cet album éponyme débute avec ”Truth Sets In”, parfaite introduction à la mandoline qui place le quartet entre les Magic Numbers et Fleet Foxes. En bien plus délicat, la présence de Rebecca Coleman au chant étant imparable. Avi Buffalo appelle aussi successivement Wilco, Neil Young et même Sufjan Stevens à leur pique-nique lumineux, dans des morceaux en lévitation, en échos (”Coaxed” et son final rappelant Stevens sur l’album ILLINOISE), aventureux (le très Belle and Sebastian ”Five Little Sluts”), tendance soft rock (”Jessica”), psychédéliques gentils (”Summer Cum”). Parmi les sommets de cette pépite d’album, on notera le génial ”One Last”, aussi futé qu’un Badly Drawn Boy des grands jours, s’amusant avec les graciles First Aid Kit. Jolie, mais pas niais toutefois, la composition prenant un vol inconnu en son terme pour ainsi se détacher de toutes contingences terriennes. Le groupe sait aussi baisser le ton et se montrer plus introspectif avec ”Can’t I Know”. Intrigant. ”Remember Last Time”, où les adieux se font déjà sentir, alors on profite de chaque instant quitte à en faire trop (un solo de guitare de Avigdor Zahner-Isenberg se tirant la bourre avec les efforts à la batterie de Sheridan Riley sur plus de sept minutes).

Parfois, souvent en fait, on remarque la qualité d’un album à sa capacité à transpercer l’auditeur, sans qu’il se rend compte qu’il a sourit, tout hébété, durant 40 minutes. Alors, quand résonne la ritournelle ”Where’s Your Dirty Mind”, aussi cool qu’un vieux duo des Moldy Peaches – en plus précis évidemment – on s’apprête à remettre le disque en arrière, pour ainsi mieux se plonger dans dix titres adorables, attachants et de circonstance saisonnière. Ou comment signer une pépite qu’on n’attendait pas en ce début de décennie. Et si, après des années 00 passées à recycler juste pour la gloriole d’exhiber son blouson en cuire, on se remettait enfin, sérieusement, à envisager le passé noblement, avec humilité ? Lords of Rock en prend le pari et se réjouit de voir Avi Buffalo fouler le sol du Vieux Continent.

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