Anna Aaron a 23 ans, vient de Bâle et a livré cet hiver un premier album en toute discretion. On retiendra de son concert au For Noise que ce fut ici qu’elle est sortie de son anonymat romand. Interview exclusive pour Lords of Rock.
Il y a d’abord l’influence renvendiquée: David Eugene Edwards, de Denver, Colorado. A son actif: meneur du groupe Woven Hand et ancien des regrettés 16 Horsepower. Il y a ensuite le nom de scène de la demoiselle: Anna Aaron, “une petite histoire” comme elle aime l’expliquer, pour mieux se protéger. Le point commun entre ces deux compositeurs ? La musique, organique, grave et atmosphérique. Mais surtout un dépouillement singulier pour mieux exprimer les sentiments les plus profonds. “Garder cette agression dans des morceaux soit calmes, soit lents”, tel est la profession de foi d’Anna Aaron. Sa présence sur scène à 18h la semaine passée au Pully For Noise n’a pas découragé ceux qui savaient avoir affaire à une future perle. Pour l’heure, Anna se fait les crocs et propose sobrement les morceaux de son premier LP, intitulé simplement I’LL DRY YOUR TEARS LITTLE MURDERER. Une rencontre arrangée à la sauvette nous permet de vous présenter fièrement Anna Aaron.
« Un jour, ma prof de musique classique m’a dit lors d’un cours : ” les musiques rythmiques et le rock’n’roll sont pour Satan”. J’ai l’ai donc quitté »
Lords of Rock : Tu es une quasi-inconnue de ce côté-ci de la Suisse. Personnellement, j’ai cru d’abord qu’Anna Aaron était une chanteuse américaine. Alors, peux-tu te présenter au public francophone ?
Anna Aaron : (rires) Qu’est-ce que je peux dire ? Je viens de Bâle et j’ai commencé à chanter sur une espèce de plaisanterie. Il n’y avait pas vraiment de raisons. On avait fait un projet et on avait trouvé ça bien. C’est une coïncidence.
As-tu produit toi-même ton premier album ? Comment tout cela s’est-il déroulé ?
J’ai travaillé avec un ami très bon musicien qui est aussi ingénieur du son. On avait fait venir des amis pour l’enregistrement. Quelqu’un y a joué de la trompette ou du violon par exemple. On s’est demandé : « qui pourrait venir contribuer à l’album ? »
Ce n’est pas la première fois tout de même que tu viens chante en Suisse romande ?
Oui, la toute première fois. J’ai aimé y joué.
Pas trop dur d’avoir joué à 18h face à une foule mince ?
Oui, c’est vrai que si tu joues tôt, il n’y aura pas beaucoup de gens. Tu dois casser la glace. Mais c’était bien de jouer sur la Grande Scène.
Tu as dit avoir trouvé triste de parler au public en anglais. Que penses-tu de cette particularité qui fait que l’on n’utilise pas nos langues nationales ?
C’est une chose amusante à propos de la Suisse. Nous avons 4 langues différentes, ce qui pose beaucoup de problèmes. Nous tentons d’apprendre ces langues à l’école. Les francophones apprennent l’allemand et vice-versa. Parfois, quand quelqu’un vient vers moi et me parle en suisse allemand à Lausanne, je lui demande presque : « oh tu viens de Suisse ? » (rires). Mais nous sommes en Suisse, bien sûr.
Et l’Allemagne ? Déjà quelques concerts ?
Non, seulement en Suisse. Je suis encore une très petite chanteuse.
Lors d’un interview avec Evelinn Trouble au Paléo Festival, elle m’a dit qu’elle préférait jouer en Suisse romande. De même, Sophie Hunger est elle très connue ici. Penses-tu pouvoir faire le même parcours qu’elles ?
Je ne sais pas… (elle réfléchit). Je ne sais vraiment pas.
C’est une mauvaise question probablement. Pour revenir à ton dernier à ton concert, on a senti les influences de grandes dames de la musique, comme PJ Harvey par exemple. Je pense que ce n’est pas la première fois qu’on te le dit…
Oh ! Je l’ai beaucoup écouté, c’est vrai. Ce que j’aime chez elle, c’est cette capacité à jouer un morceau calme mais qui sonne très dur. Elle ne peut jouer qu’avec une guitare, mais cela sonnera comme du hard rock. C’est très intéressant de pouvoir garder cette agression dans des morceaux soit calmes, soit lents.
Tu essayes de reproduire cela ?
Oui, mais je n’essaie pas de sonner comme elle. Je dois travailler avec les choses que j’ai. Pour moi, c’est le piano, pas la guitare électrique. Je l’aimerai, mais je n’en sais pas en jouer. On doit donc trouver des façons de jouer les morceaux, de leur donner un certain caractère, les jouer comme ils sont supposés être.
« J’ai commencé à chanter sur une espèce de plaisanterie »
As-tu fait du piano classique quand tu étais plus petite ?
Oui, j’ai eu une professeur de musique classique. Un jour, elle m’a dit lors d’un cours : « je pense que les musiques rythmiques et le rock’n’roll sont pour Satan ». J’ai donc quitté cette prof pour une autre (rires).
C’est la raison pour laquelle tu fais cette musique maintenant…
Oui, je suis une rebelle maintenant (rires).
Anna Aaron est un surnom n’est-ce pas ?
Oui en effet. Anna signifie la grâce. Et Aaron est le petit frère de Moïse, il était… je ne sais pas. C’est juste de la fantaisie. Une petite histoire. Avoir un nom de scène permet de séparer ta personnalité de la musique que tu crées. La musique peut-être ton job, mais tu ne dois pas perdre ta vraie identité.
Myspace d’Anna Aaron: http://www.myspace.com/annaaron
Anna AARON
Bonjour,
J’ai craqué sur Anna AARON lors des rencontres du MAMA à Paris. Je recherche désespérement son album. Avez-vous une idée sur la façon de le trouver ?
d’avance merci,
Yann BIVILLE.
Re: Interview au Pully For Noise
Bonjour,
Vous pourrez le commander ici :
http://www.twogentlemen.net/?nav=catalogue&disc_id=122
Bien à vous
JB