Alain Johannes

Si on est comme moi, que l'on ne connaît pas Alain Johannes ; que l'on aborde SPARK comme n'importe quel autre premier album d’un artiste que l'on découvre, il suffira d'une seule écoute pour que les choses soient claires. Une première écoute pour qu'un premier constat s'impose: l'homme a du métier, beaucoup de métier. Et pour ça pas besoin de sortir du conservatoire ou d'être un musicien confirmé pour le comprendre. Les guitares sont maîtrisées ; la voix est parfaitement posée ; les arrangements sont d'une implacable propreté ; la production d'une arrogante netteté. Tous les éléments sont réunis pour faire de ce disque une œuvre complète et cohérente de la première intro à la dernière note.

Si l'on a toujours les oreilles vierges de ses précédentes prestations, cette première écoute révélera un son, une voix, une griffe. Ces ingrédients, pour peu qu'on ait écouté un minimum de rock lors de la dernière décennie, on les connaît, on les a déjà entendu. Mais en même temps c'est nouveau, on n'arrive pas l’accrocher à quelques choses de précis.

Alors, torturé par le fameux « Ah mais c’est déjà quoi le nom de ce p… de groupe qui ressemble à ce qu’il fait !», on cherche sur le net, on fouille son site web, on parcourt tous les disques qu’on a, même ceux que l’on n’assume pas et qu’on a caché dans une armoire. Pour résumé, on se documente un peu. Et tout d’un coup, là, sans prévenir, ça arrive tout seul, sans chercher bien loin, on n'a rien vu venir mais c'est fait! On vient de se prendre une belle grosse baffe à travers la gueule!

 

Alain Johannes sait tout faire

 

Le gars est un monstre! Guitariste, chanteur, producteur, saxophoniste, mixeur, pianiste, bassiste, batteur, enfin bref… Alain Johannes sait tout faire. Et ce monsieur l'a fait! Et pas avec n'importe qui! Que ce soit à la production ; en tant que musicien studio, de tournée ou simplement membre du groupe, il est crédité sur les albums d’Eleven, Chris Cornell, Queens of the Stone Age, No Doubt, Eagles of Death Metal, Arctic Monkeys, UNKLE et Them Crooked Vultures pour ne citer que les plus célèbres ! Y’a pire comme CV! 

A ce moment là, rongé par la honte, on se rassure malgré notre inculture, et on se dit que notre premier avis n'était pas si à côté de la plaque que ça. Mais attention toutefois à ne pas tomber dans la facilité et les raccourcis d'un jugement fait sur CV. Combien de ces artistes multifonctions faisant preuve de génie dans l'ombre, ou lorsqu’ils sont au milieu d'un entourage tout aussi talentueux, se sont cassé les dents une fois arrivés seuls à la lumière des projecteurs.

 

 

Rassurons-nous tout de suite, Alain Johannes n'est pas tombé dans le piège. Bien que fortement influencé par ses collaborations, cet album, il l'a construit de A à Z et il a su éviter tous les ingrédients qui auraient immanquablement pu faire de ce disque une pale copie de l'un de ces précédant travaux. Et sa principale trouvaille a été de s'en tenir à des sonorités acoustiques, tout en gardant l'énergie et la puissance qu’apporte le rock. Si l'on peut regretter la légère baisse de régime du début de la seconde partie du disque, il faut avouer que l'ensemble est vraiment excellent.

Au sortir de cette chronique, une fois l’épreuve digérée, on se dit que lorsque ce sont telles découvertes qui arrivent à nos oreilles, ce n’est pas si mal d'être limité musicalement.

 

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