Petit retour en arrière grâce à cette rencontre. En effet, c’est sous le soleil radieux de la plaine de l’Asse que Didier Wampas nous accueille pour nous accorder cette interview. A mille lieues de son personnage de scène, Didier nous parle de son métier d’artiste. C’est avec beaucoup de sincérité que nous découvrons la carrière de cet ovni du punk français.

Didier Wampas

Comment choisis-tu les festivals où vous passez ?
On ne choisit pas. Lorsque nous sommes invités on y va. On en fait surtout en France.

(Le reste du groupe est à côté et profite du bar) Comment se passe cette tournée ?
Nous voyageons la nuit en bus. On arrive le matin et on joue le soir. Tu as toute la journée pour décompresser.

Tu étais sur le Tour de France. C’est quelque chose qui te plaît ?
Oui, depuis tout petit j’adore le vélo. J’étais comme un gamin. J’ai fait des photos avec tout le monde, Bernard Hinault, Eddy Merckx. Ca me fait même plus plaisir que de voir les Who. C’est ce qui est bien dans le cyclisme. Les Who, on ne va pas les voir, ils sont enfermés dans leur loge. Tandis que là, tu vas croiser Eddy Merckx! Tu peux côtoyer tous ces champions très facilement.

Que penses-tu de la polémique qui a suivi ta chanson « Chirac en prison » ?
On se doutait bien que les radios et les chaînes de télévision ne la passeraient pas. Seules les radios rock l’ont programmée. Mais ça nous a bien fait rire, on ne va pas jouer les martyrs.

D’où t’es venu l’idée de cette chanson? Une envie de provoquer?
J’ai vu un spectacle avec mes enfants au théâtre. Ca se passait au temps de Molière et de Louis XIV en France. A la fin de la pièce, un comédien disait « Aujourd’hui nous avons la liberté d’expression, mais qu’est-ce qu’on en fait ? ».
Je me suis dit: "Mais qu’est-ce qu’il se passerait si je faisais une chanson avec Chirac en prison?"

Quels sont les arts qui t’intéressent ou t’influencent ?
C’est toujours la musique. J’écoute beaucoup de musique classique. J’en écoute plein car j’ai voulu la connaître. Je ne sais pas si elle m’inspire. De toute façon, tout ce que tu vis t’inspire. Même si ça ne s’entend pas dans mes chansons…

Qui t’a donné l’envie de faire de la musique ?
Depuis tout petit j’en ai eu envie. Je n’avais pas de grand frère et je n’écoutais pas Led Zeppelin ou Hendrix. J’écoutais le hit-parade avec Johnny ou Claude François. Ensuite, j’ai eu 15 ans en 1977 et là le punk est arrivé. J’ai su ce que je voulais faire dans la vie.

Quelle est ton avis sur l’industrie musicale en France ?
Rien, j’en pense rien. Il en faut bien une, comme il faut bien des boulangeries. Il y aura toujours des gens qui veulent faire de la musique et d’autres qui veulent en écouter.
Je travaille à côté, alors je n’en fait pas pour vivre. J’ai pris six mois sans solde pour faire cette tournée. Ce n’est pas mon truc ce business. Je veux juste m’exprimer.

Est-ce que des groupes te demandent des collaborations ?
Ca arrive de temps en temps. J’ai joué dernièrement avec les Têtes Raides. J’ai créé un truc pour Indochine.
Là on a fait un truc de rap sur une compilation de Passy. Il voulait marier le rap et le rock. On fait un morceau avec Alibi Montana. Je ne le connaissais pas. Le rap n’est pas trop mon truc.

Tu as participé aux Victoires de la musique il y a deux ans. Ca ne te dérange pas de te présenter à ce type d’émission ?
Non pas du tout, mais je ne me sentais pas à ma place.
Quand j’étais petit je regardais la télévision. Heureusement qu’il y avait des mecs comme Gainsbourg ou Coluche qui allaient à ces émissions pourries. Quand t’es un gamin et que tu vois Gainsbourg se pointer, ça fait du bien. Je crois qu’il faut aller à ces émissions.
Je ne dis pas que ce qu’on fait est mieux que la Star Academy mais c’est au moins différent. Les groupes comme Noir Désir ou Louise Attaque refusent d’y aller. Mais je pense que ce n’est pas bien. Il faut y aller. Sinon ça veut dire que tu prends tous les spectateurs de la Star Ac’ pour des cons qui ne méritent pas d’écouter de la bonne musique. Ils n’en ont peut-être juste pas eu l’occasion. Ils peuvent aimer autre chose.

Tu avais préparé ce show ?
Non et j’ai complètement pété les plombs. De toute façon je ne prépare jamais rien.

Quelle est ta motivation après toutes ces années ?
C’est ma vie, tout simplement. C’est comme ça que je m’exprime. J’ai la chance de ne pas être sportif et de pouvoir continuer après quarante ans. La différence entre la musique et le sport, c’est que le meilleur gagne en sport. Ce n’est pas ce qui se passe dans l’industrie musicale.

Sex, Drugs and Rock n’ Roll, qu’en penses-tu ?
C’est un truc de jeunes. Au début tu crois à ça, mais tu te rends vite compte que ce n’est pas le plus important dans la vie. J’ai arrêté de boire et de me défoncer il y a longtemps.
Ce n’est pas bien de faire croire ça aux mômes. Surtout quand tu sais que ce n’est pas vrai. Je dis au public que je ne bois pas et que je monte sur scène sans rien. C’est pour ça que je suis toujours là à sauter en l’air à mon âge.

Photos ©Paléo / Lionel Fusin

Site officiel

About Author

Check Also

No Return – Interview d’Alain Clément en direct du Hellfest

(Interview réalisé par Emmanuel le 25 juin 2022 au Hellfest) En cet après-midi pluvieux du …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *