Tel un poussin tombé du nid, ébourriffé, le teint clair, Gustav Kjellvander, alias The Fine Arts Showcase, cache son excitation de jouer pour la première fois en Suisse. Malgré une évidente bonne humeur, il ne peut cacher sa nervosité par contre et se vengera d'ailleurs sur les cacahuètes durant tout l'interview.

The Fine Arts Showcase

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La Suède fourmille de bons artistes, c’est une évidence. Le pays nous envoie régulièrement des déferlantes électriques (The Hives, Mando Diao…), de l’électronica ou de la pop à pleurer de bonheur (et de jalousie devant tant de talent). Dans ce dernier registre, presque toute la famille Kjellvander, à commencer par Christian qui nous a livré au début de ce sièce Songs from a Two-room Chapel avant de nous servir Faya au début de l’année. Son frérot n’était pas en reste, loin s’en faut. Avec un côté plus indie, c’était l’occasion de faire le point avec lui à l’occasion de son premier passage en Suisse.

Dans "Shoplifter’s Union" tu dis : "We’ve grown older and all we have to do is to breathe" (Nous avons grandi et tout ce que nous avons à faire est respirer – ndlA). Est-ce que la vie est toujours aussi simple pour toi ?
Gustav Kjellvander: Oh non… La vie de personne n’est facile, je crois. Il faut aimer la vie ! Ca aide !

Tu écris de belles chansons, cela semble vraiment un exercice aisé pour toi. Du coup, pourquoi n’essaies-tu pas des choses, pourquoi n’écris-tu pas plus de titres comme "Voice of Goldstein", qui est plus expérimental ?
(Il se gave de cacahuètes et parle la bouche pleine) Mmmh… chais pas… faire de la musique est expérimental en soi, de toute façon, et pour moi les gens qui se la jouent "On fait de la musique expérimentale, c’est fou ce qu’on est avant-gardistes !" sont passablement ennuyeux. Pour moi, c’est la nature de la musique d’être expérimentale. Voilà ! J’écris comme ça vient !

Tu as été influencé par des écrivains, comme George Orwell par exemple ("Voice of Goldstein" est clairement inspiré du roman 1984, de l’artiste précité – NdlA) ?
(Il se renfile une bonne poignée de cacahuètes dans la bouche) Mouais… ouaisouaisouais… Mais là c’est plus que je ne trouvais pas de titre et que j’ai chopé ça au bol dans un bouquin (rires)(Des morceaux d’arachide voltigent sur ma feuille… – NdlA)

Qu’écoutais-tu au moment d’écrire "Brother in Black" ?
Je voulais vraiment écrire un truc à la Gang of Four. Tu vois, ça ne sonne pas du tout Gang of Four ! Mais c’est ce que je voulais faire à la base, quelque chose de répétitif… Mais je sais, ça sonne plutôt genre Elliott Smith ou un truc comme ça.

Quel compositeur es-tu ?
Je dois me forcer. Je suis bien plus heureux si je compose. Mais parfois c’est un travail lent et parfois en une demie-heure, c’est envoyé !

Quelle genre de relation as-tu avec ton frère Christian ?
Bonne. Enfin c’est mon frère. Je l’aime énormément, mais il est capable de me faire royalement chier ! Un frère, quoi !

Tu n’as pas l’impression que le succès qu’il remporte te fait de l’ombre ? En tant que "petit frère venu après coup"…
Non. D’abord j’ai fait de la musique avant lui, à 17 ans, donc c’est lui le "copieur", si on peut dire. Mais enfin, tout ça, c’est pas une compétition – à part avec moi-même.

Et ta mère, que pense-t-elle lorsqu’elle voit ses deux rejetons plongés dans le rock, toujours sur la route ?
Elle semble heureuse et elle écoute ce que l’on fait. Mais ça reste une mère et elle me dit des trucs avec lesquels je ne suis pas forcément d’accord, des soi-disant bons conseils du genre "Tu ne devrais pas dire cela, n’utilise pas ces mots-là !" (rires)

Et le fait que ce job ne soit pas quelque chose de stable, de sûr, comment réagit-elle ?
Je ne crois pas qu’elle ait de problème avec ça, on est entre pote, on fait ce qu’on aime. Elle se dit que c’est une bonne chose, je pense.

Tu écoutais quoi à la maison quand tu étais gamin ?
Mes parents n’écoutaient pas beaucoup de musique. Mon père écoutait la radio, simplement. De mon côté, je pense avoir trouvé ma voie grâce à MTV (!!! – NdlA), les Beatles, Guns’n’Roses, Metallica et tout le tremblement. Nirvana était intéressant dans le sens où ils avaient des trucs passablement simples à reproduire et qui sonnaient bien.

Que changerais-tu aujourd’hui sur Radiola – compte tenu bien sûr que "rien" n’est pas une réponse jugée satisfaisante ?
Je crois que j’étais nerveux lorsqu’on a enregistré l’album et si c’était à refaire, j’aurais laissé faire Mathias (la personne ayant enregistré l’album – NdlA) plutôt que de mettre mon nez dedans. Je pense que le résultat est un poil trop propre. Mais de toute façons, c’est toujours la même chose : après coup, tu te dis que le premier jet était le meilleur. Enfin, c’est peut-être ma paranoïa tout ça…

Tu as des projets après cette tournée ?
Le prochain album sera un album hommage à un groupe suédois. Ou plutôt à deux filles qui ont eu plusieurs groupes ensemble, dont Inside Riot, Rough Bunnies ou The Flame. Mais Rough Bunnies est le groupe qui leur a permis d’accéder à un certain statut sur la scène indie suédoise.

Un peu le groupe secret de tout le monde…
Ouais, voilà ! Mais… c’est tellement un putain de bon groupe ! Un de mes favori ! Ce sera vraiment chouette de faire quelque chose de différent une fois (Gustav est l’auteur de pas mal d’albums déjà, principalement sortis en Suède – NdlA). Et c’est cool de réarranger les titres des autres, vraiment fun !

Le public parfait : comment est-il ?
Eh bien, c’est un public saoul, voyons ! Enfin, s’il aime la musique (rires) ! Mais, a contrario, un public saoul, s’il n’aime pas la musique, peut être très mauvais. Mais il y a un truc que je DÉTESTE c’est jouer devant des gens réservés. J’ai HORREUR des gens qui vont aux concerts et qui restent au fond de la salle et regardent tout ce cirque d’un air hautain. Je veux des gens qui dansent.

…mais si une personne ferme les yeux et semble concentrée sur la musique ?
Je vois ce que tu veux dire, mais il y a tellement de gens qui veulent se la jouer cool, qui trouvent que c’est pas cool d’aimer quelque chose à fond, de danser. Moi je pense que c’est cool d’adorer quelque chose ! Et de danser…

Pourquoi les gens devraient acheter Radiola ?
Je ne saurais pas répondre. Je pense que c’est un bon album, du moins j’ai essayé de faire quelque chose de bien. C’est dur de regarder son oeuvre de manière objective, d’autant plus que la musique n’est pas quelque chose de totalement objectif, de mon point de vue. Alors… si les gens aiment la pop, s’ils aiment les mélodies… alors je pense qu’ils devraient aimer ce disque.

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