Owen Ashworth est le nom qui se cache derrière le groupe Casiotone For The Painfully Alone. En trois albums, le Californien s’est imposé, avec discrétion, en figure héroïque de la production lo-fi. Il poussa même l’ascèse jusqu’à enregistrer ses chansons sur un répondeur téléphonique. Ex-étudiant en cinéma, il privilégie un songwriting qu’il juge plus évocateur que la pellicule. Il est vrai que son chant d’un laconisme résigné à la Leonard Cohen, conjure sans peine les souffrances ordinaires d’un quotidien banal. Les beats squelettiques qui accompagnent les textes apportent (parfois) un peu d’innocence légère au sentiment d’être enfermé dans une chambre exigüe mal aérée. Ou alors, au contraire, sous-tendent une claustrophobie engendrée par une vie urbaine sans grandes bouffées d’oxygène possibles.
Ashworth nous livre donc un quatrième opus où il fait une trêve avec ses standards de production bon marché. D’autres instruments (guitare, clavier, tambours…) viennent se greffer au Casio et l’univers du chanteur y gagne en profondeur. La boîte à rythme dinosauresque du morceau d’ouverture nous rappelle les déboires éthyliques et traînants d‘Arab Strap. En contraste, les beats de "Young Shields" d’une urgence qui prend des airs de bravoure sonique, nous rappelle que rien n’est jamais joué. La voix de Katy Davidson, qui apparaît sur trois morceaux, apporte un contrepoint bienvenu à celle résignée de Ashworth. Les textes, d’une solidité poétique rare, s’enchaînent comme des messages laissés sur un répondeur à 4 heures du matin. Ils assurent une maturité à des mélodies qui semblent parfois bricolées en deux temps trois mouvements.
Il ne faut pas se laisser berner par l’aspect bricolé de Casiotone, Ashworth est un grand chroniqueur dans la pure tradition de folk américain. Il a simplement remplacé la guitare éternelle par un instrument que beaucoup jugeraient pathétique, d’où sa force.
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