Tout le monde l'attendait. Sans trop savoir à quoi s'attendre. Car le toujours difficile 2e album peut être une bonne comme une mauvaise surprise (rarement y a-t-il un entre-deux). Et les pronostics allaient bon train : le petit gros saurait-il nous faire pleurer de bonheur comme sur le premier album ? La formule piano-voix-batterie serait-elle toujours suffisante ou alors Keane aurait-il recours aux artifices électroniques ?

Keane

Tout le monde l’attendait. Sans trop savoir à quoi s’attendre. Car le toujours difficile 2e album peut être une bonne comme une mauvaise surprise (rarement y a-t-il un entre-deux). Et les pronostics allaient bon train : le petit gros saurait-il nous faire pleurer de bonheur comme sur le premier album ? La formule piano-voix-batterie serait-elle toujours suffisante ou alors Keane aurait-il recours aux artifices électroniques ?

Mais voilà qu’on reçoit cet album attendu comme le messie. D’un point de vue graphique, la pochette fait penser au Tarkus d’Emerson, Lake & Palmer. Ceci dit, il n’y aura aucun autre parallèle avec ce disque ! Alors on insère la galette dans la platine et, juste avant de presser le bouton fatidique, on se demande : "Qu’est-ce que je veux au juste ? Être surpris ? Entendre ce à quoi je m’attends ?" Probablement qu’il y a autant de réponses que de gens qui apprécient Keane. L’oreille entraînée du rock-critic lambda (pour autant qu’il en existe) vous dira que ce disque en décevra certains, répondra aux attentes modestes des autres, mais ne convertira en aucun cas les réticents au premier album et n’offrira pas de vraiment bonne surprise. Ce qui ne veut pas dire que cet album soit mauvais. C’est un bon album, mais voilà, de la part de Keane, qui en aurait douté ?

Toujours difficile 2e album, donc. Ce n’est pas une fantaisie d’élitiste qui se regarde le nombril, car selon les dires de Tim Rice-Oxley (piano, basse et auteur de la plupart des titres) : "On prend son temps pour l’écriture d’un premier album, car personne n’est là pour vous dire comment il faut faire et vous imposer des délais. Quant au deuxième, il faut l’écrire sous pression : celle de la maison de disque qui a des délais à respecter et celle des fans qui attendent quelque chose de vous également."

En parcourant l’album d’une oreille distraite, mis à part le fait que l’on pourra déjà affirmer que "Hamburg Song" aurait largement pu être laissée de côté, il semble que cet album ait beaucoup à offrir. Pourtant, après quelques écoutes, il semble que tout a été dit lors du premier opus – malgré l’instrumentation plus complexe que sur Hopes And Fears. Pas vraiment de surprises, que de petites émotions. Même si "Nothing In My Way" est du bon Keane, simple et efficace, rapidement accrocheur sans être pompeux, "Is It Any Wonder" sonne limite kitch. J’entends par là que c’est exactement le genre de chose que TOUT LE MONDE attend du trio. Un peu comme s’ils se caricaturaient eux-mêmes. Un peu comme si Indochine reprenait "Isabelle A Les Yeux Bleus" des Inconnus – j’exagère: encore une fois, c’est ma mauvaise foi qui l’emporte. "Atlantic" en guise d’intro, par contre, est bien choisie en ce sens qu’elle est calme et qu’elle ne permet tout juste pas d’imaginer le reste de l’album mais laisse planer le doute et éveille la curiosité. "Leaving So Soon?" et "A Bad Dream" sont bonnes, certes, mais là de nouveau, ça sent la redite. Même si Tom Chaplin y met le talent qu’on lui connaît, on a l’impression que le trop-plein de répétitions lui a ôté toute émotion. Puis "Crystal Ball" est à nouvau un titre envoûtant. Même si les paroles sont un peu "cul-cul la praline".

Keane est probablement un de ces goupes qui a grandi trop vite, pris des proportions trop importantes. Déjà après le premier album, il jouait sur les scènes principales des festivals. C’est tout le problème de l’industrie musicale d’aujourd’hui : dès que l’on repère un talent, on l’exploite jusqu’à la moëlle pour se faire un maximum de ronds, donner à la masse ce qu’elle demande pendant que le principal intéressé n’a pas eu le temps de mûrir. Comme les tomates cultivées sous serre : il y en a assez pour tout le monde, mais elles ont un goût de flotte.

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