Charles, le guitariste du groupe Moriarty passait son temps à….travailler. Question de statut : les six voire sept membres de ce groupe hétéroclite font toujours de la musique comme un passe-temps

Moriarty

Alors que Quincy Jones tenait sa conférence de presse à l’étage, Charles, le guitariste du groupe Moriarty passait son temps à….travailler. Question de statut : les six voire sept membres de ce groupe hétéroclite font toujours de la musique comme un passe-temps. Plus pour longtemps semble-t-il, au vu du triomphe qu’ils ont rencontré dimanche soir au Jazz Café. A Moriartyland, leur monde à eux, "on est une grande famille, et on a même sorti un premier album tout récemment, nommé simplement Gee Whiz But This Is A Lonesome Town" 

moriartyLords Of Rock : provenant de divers horizons, vous êtes réunis sous le même patronyme. Histoire de donner une cohésion ?

Charles Moriarty : on aime bien ce terme de famille. Oui c’est vrai, on s’est mutuellement adopté. On a joué pendant dix ans dans ma cave, on se voyait avant tout pour le plaisir. Mais la famille n’est pas fermée, on a récemment adopté Vincent, le batteur (rire) ! C’est un cousin lointain… En fait on s’est connu il y a trente ans, dans le bac à sable. En ce qui concerne les horizons divers, on n’a donc pas vraiment choisi de piocher des membres ayant un lien avec les Etats-Unis : Arthur, Tom ou Rosemary (respectivement guitariste, harmonica et chanteuse) ont deux nationalités ou plus par exemple. Il y a donc à chaque fois un pieds aux Etats-Unis.

Et vos influences doivent donc être très larges….
Oui, car nos cultures sont très diverses, cela peut être des choses provenant du Vietnam, des valses péruviennes etc. Quand on est dans le bus, on n’arrive jamais à se mettre d’accord sur le disque à passer (rire) !

Vous faites figures d’OVNI dans le paysage francophone, à l’instar de vos petits frères les Coming Soon. Ressentez-vous cela ?
Ah oui, les Coming Soon ! On les a souvent côtoyés lors de notre tour ce printemps. C’est vrai qu’on se sent assez proches d’eux, on a même fait un show TV ensembles dernièrement… Comme dit précédemment, on a des influences post-rock aussi, des groupes comme Godspeed ! You Black Emperor ou A Silver Mount Zion, du vieux blues rural. Rosemary est elle encore au Conservatoire… On aime souvent aussi finir nos concerts avec du Schubert. Notre bassiste, Zim, écoute lui plutôt du rock indie. On se rejoint toutefois sur du Tom Waits, Neil Young ou Bob Dylan.

Moriarty, qui êtes-vous vraiment ? Des égarés d’un convoi de train ou des braqueurs de banques ?

(Il réfléchit…) Des égarés… Oui pourquoi pas. On est tous des enfants d’immigrés, avec plusieurs nationalités. Les gens trouvent que notre musique est américaine, mais les américains, eux, trouvent que ce n’en est pas une… On ne sait pas trop non plus, on est entre deux cultures, on n’a pas de vrai son. Je pense qu’on aime ce statut particulier. Dean Moriarty (héros du roman Sur la route de Jack Kerouac) est lui aussi un égaré, constamment en mouvement. En gaélique, Moriarty veut dire l’homme de la mer, un marin qui ne cesse de voyager. Il y a aussi cette ville au Nouveau-Mexique, sur la Route 66, qui se nomme Moriarty… Chez nous, certains rêvent en français, d’autres en anglais. C’est amusant…

Le Grand Ouest, c’est pour bientôt ?

Courant 2009, on va faire une tournée internationale. On a aussi déjà fait des dates ponctuellement dans des grandes villes en Europe : à Berlin, à Madrid et même à Genève.

moriartyEntretenez-vous cette image décalée, à l’instar de votre biographie officielle?

On voulait publier sur internet des choses qui nous correspondent avant tout. C’est vrai qu’on l’a travaillé, on a bossé sur un univers, mais qui ne s’est pas fait du jour au lendemain : après huit ans de répétitions, on allait dans tous les sens. On a donc inventé une sorte de carte du monde mais mise à l’envers, où l’on a localisé nos chansons, on a mis des ville pour chaque titres. Cela donne un univers géographique pour chacun d’eux. Mais bon, on ne se prend pas on sérieux, il y a beaucoup d’autodérision là-dedans.

Enjoy The Silence de Depeche Mode, c’est une réponse à vos compatriotes Nouvelle Vague ?

On la fait depuis longtemps en live en fait…. J’avais oublié de dire que Depeche Mode était aussi une de nos influences majeures. Si  tu écoutes entres les nappes de synthés, tu entendras des accords vachement bien. Tori Amos, qui a aussi repris ce morceau, travaille d’ailleurs aussi beaucoup avec ces accords parfaits. On nous avait demandé de faire une reprise il y a quelques temps, pour la donner aux labels. Notre version se rapproche plus de celle de Tori Amos. On a eu de la chance, car ce titre avait été repris dans une des compilations de Béatrice Ardisson.

Vous voilà à Montreux…
Ca prend, c’est chouette. On essaye de faire quelque chose avec les décors qu’on nous donne. On prend des trucs de cinéma, comme un paravent, un fauteuil, un animal empaillé… On essaye de créer une atmosphère de salon : nous jouons parfois dans des salles de gymnastique, il faut donc donner quelque chose de confortable et d’intimiste. On fait souvent des salles de petites tailles, c’est comme si on y invite des gens dans notre salon pour un dîner, on leur ouvre les portes. Maintenant que nous commençons à jouer sur des plus grandes scènes dans les festivals, cela devient plus dur de préserver ce rapport intimiste : là ce n’est plus simplement les amis, il y a tout le quartier, c’est une grande fête (rire) !

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