Avant d’assister au triomphe d’Editors aux Docks, il y avait mieux à faire que de siroter paisiblement sa bière : succomber au charme des New-Yorkais de Mobius Band par exemple.

Editors + Mobius Band

Avant d’assister au triomphe d’Editors aux Docks, il y avait mieux à faire que de siroter paisiblement sa bière : succomber au charme des New-Yorkais de Mobius Band par exemple. C’est quand ces derniers quittent la scène lausannoise et qu’on sent derrière soi une pression inéluctablement grandissante que s’impose le constat: on ne peut pas dire que le trio de Brooklyn ait suscité un raz-de-marée de la part d’un public lausannois pas forcément réputé pour son ouverture d’esprit. On les écoute donc poliment et de préférence au loin, avant la ruée pour Editors.
Reconnu outre-Atlantique, le groupe a déjà officié en première partie pour Tom Vek ou The Nationals. Piochant allègrement dans le répertoire de son second album, Heaven, Mobius Band aligne des morceaux pop qui à première vue ne cassent pas des briques. Il suffit cependant de tendre l’oreille sur des titres comme "The Loving Sound Of Static" ou "Friends Like These" pour être convaincu par un groupe emmené par un Johnny Rotten sur ressorts. Frais sans être vain, leur concert d’une indéniable qualité est une douce surprise.  «Easy to listen to, and difficult to ignore», comme les décrivent si justement nos confrères de Pitchfork.

Là où se retrouvent Editors, d’autres avaient failli à l’époque. Des Chameleons à Echo and the Bunnymen, en passant par les Modern English, beaucoup se sont cassés les dents dans l’antichambre de la gloire. Nouvel aspirant aux stades, le groupe de Birmingham fait qu’on pense inévitablement à Coldplay. Piano, guitare acoustique, section rythmique propre. Et surtout un grand leader, Tom Smith. La référence à Ian Curtis a été maintes fois ressassée. Sans aller jusque-là, sa présence impose à elle seule du magnétisme. Dans l’attitude sobre, rien à redire non plus. Face à leur oeuvre, le groupe ne reste pas pour autant de marbre. Des titres comme "All Sparks", "The Racing Rat" ou la face-b "You Are Fading" prennent toute leur dimension sur scène. Si le premier ouvrage, The Back Room, est fort bien maîtrisé, les nouveaux titres restent en deçà de l’émotion provoquée par l’album An End Has A Start. Dommage. D’autant plus que morceaux comme "Well Worn Hand" ou "Push Your Head Toward The Air" semblent changer la donne. Editors perd en densité (la claque de leurs premiers lives en 2005) ce qu’il gagne en efficacité. Ils ne resteront plus pour très longtemps un groupe indie.  L’avenir leur appartient. Et comme nouveaux hérauts rocks on aurait pu trouver pire.

Vidéo: The Mobius Band, "Friends Like These"

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