L'acolyte de Josh Homme nous parle des Desert Sessions, des moustaches, des oldies, des montres suisses, de Guns'n'Roses et de sa bite.

Eagles of Death Metal

Un grand moment de rock’n’roll, cher lecteur. Jesse Hughes, une des dernières rock-star s’il en est, n’a pas la langue dans sa poche. Il choque, se fout de tout sauf de faire plaisir aux gens qu’il aime et de le leur montrer.
Il nous voit arriver et il nous présente un sourire jusque derrière les oreilles. On ne voit pas ses dents, cachées derrière sa moustache blonde. Celui qui ne l’a jamais vu auparavant pourrait très bien le prendre pour un loser quelconque s’il le croisait dans le Charlie’s Bar du coin. Quant à celle qui ne l’a jamais vu auparavant… elle n’a qu’à bien se tenir !
"Tu es prêt pour l’interview ?" Il me tâte le bras, semble y prendre du plaisir. "Mmmh… oui, je la sens bien !" Jesse Hughes rigole, il semble content d’être là.


Que s’est-il passé lors des fameuses Desert Sessions avec Josh Homme pour qu’il te vienne l’idée de former Eagles of Death Metal?

JH: En fait… si les Desert Sessions n’avaient pas eu lieu, Queens of the Stone Age n’aurait jamais été un groupe. QOTSA est tout autant un side-project que l’est Eagles of DM. True! Ca a commencé avec de la bière tu vois ? Et il y avait ce mec, Josh donc, qui faisait un rock bien lourd mais qui écoutait "Winds of Change" de… euh…

 

Scorpions
JH: Scorpions ! Et je le regarde bizarrement car le rock qu’il faisait habituellement était tellement… disproportionné par rapport à ce truc ! Il trouvait que c’était du rock’n’roll. Il me dit "C’est du heavy metal !" Alors je lui réponds "These are fuckin’ Eagles of Death Metal!" Et tout est parti de là. Et la même nuit, Josh et moi on était bien défoncés et on faisait un boucan du diable. Et lui m’a ressorti ça: "Allons en studio et faisons ce truc, Eagles of Death Metal!"

 

C’est pas trop du death metal au final.
JH: Nan, je sais. Mais c’est quoi le death metal aujourd’hui ? Du make-up à la truelle et cookie-monster qui hurle (cookie monster étant une sorte de marionnette genre Muppet Show ! – NdlA) ? Ca fait pas peur ça! Le death metal aujourd’hui c’est être en 1951, tout de rose vêtu avec une petite moustache en chantant Tutti-Frutti et en effrayant le monde en brûlant des disques. Ah que le diable est beau !

 

En parlant de moustache, est-ce la moustache qui fait l’homme? Est-ce une love-machine?
JH: Un peu mon n’veu ! C’est le superman de l’amour ! Non, mais disons que ça t’aide à choper des filles quand tu ressembles à leur père alors qu’elles ont 8 ans… tu vois c’que j’veux dire? (il reste stoïque)

 

Alors tu es plus Ron Jeremy ou Tom Selleck pour la moustache ?
JH: Je suis plus genre… Tom Selleck meets Long Dong Silver (acteur pornographique originaire des Bermudes, remarqué pour son pénis de 45,7cm – NdlA). J’espère… J’espère !!

 

Quel est le premier album que tu as acheté ?
JH: Destroyer de Kiss. Deux jours avant que mon père m’emmène les voir en live pour la tournée Destroyer, justement.

 

Tu l’écoutes toujours ?
JH: Oui, toujours. J’ai d’ailleurs volé mes meilleures chansons à Kiss !

 
Le premier album sonnait un peu "j’ai enregistré ça dans ma cuisine" alors que le deuxième est beaucoup plus produit…
JH: Oui et c’était le but ! Josh Homme voulait maintenir ce côté démo. J’ai vraiment fait de la musique dans ma chambre et j’ai filé les bandes à Josh pour qu’il les produise.

 

Oui, mais le deuxième album…
JH: Il est plus produit, je sais ! Mais il te faut un but ! Tu peux pas toujours faire le même album, tu dois aller de l’avant. Alors le premier est plus garage, le deuxième plus produit… Le troisième album… sera un peu plus complexe… genre les Rolling Stones bottent le cul de Devo

 

Et tu ne vis pas trop dans l’ombre de Josh Homme avec tout ça ?
JH: Je connais Josh depuis vingt-deux ans. Je l’admire beaucoup, il est un peu mon mentor… c’est l’oncle de mon fils… je l’aime vraiment beaucoup. Bref, revenons à moi : mon job, mon but est de le faire oublier aux gens ! C’est pour ça d’ailleurs qu’il n’est pas là ce soir. Mais bon, même si au début c’était clairement un side-project, maintenant je veux faire de EODM un général dans l’armée du rock’n’roll ! Mais à côté de ça, QOTSA est un des putain de meilleurs groupes que j’aie connus.

Vous avez tourné avec Guns’n’Roses…
JH: Laisse-moi te raconter cette histoire… C’était un des plus beaux moments de ma vie. On a tourné avec Joan Jett, ce qui est déjà pas mal. Et on a reçu un coup de téléphone… (il s’arrête, remarque que je suis pris par son histoire et que je vais m’allumer ma clope à l’envers. Il la prend de mes lèvres, la remet à l’endroit) I love you… Je disais donc, on a reçu ce coup de fil… qui disait que les Guns nous voulaient avec eux pour leur tournée… il y a des tonnes d’autres groupes et ils nous ont choisi NOUS. Et pour notre première date, on était à Cleveland, dans un stade de 25’000 places. Mais il y avait peut-être seulement 5’000 gamins qui n’étaient même pas nés lorsqu’Appetite for Destruction est sorti. Et là il y a cette meuf qui sort du public et vient sur scène à moitié à poil et nous hue. Je me souviens m’être tourné vers mon manager et lui avoir demandé : "Est-ce un concert rock ou un putain de bar gay? C’est quoi ce bordel?" Alors on a fait notre truc et on est descendus de scène. Puis on a regardé le concert des Gunners, Welcome to the Jungle, Nighttrain, Paradise City, tout le tremblement. C’était très cool. On était sur le côté de la scène pour voir le concert. Et après trois chansons, Axl Rose arrête tout et dit : "Qu’avez vous pensé de Pigeons of Shit Metal ?" J’ai pas besoin de te faire un dessin : c’était notre première et dernière date de la tournée en commun. Enfin bref, avoir un de ses héros qui se fout de ta gueule alors que tu viens de partager la scène avec lui… ça fait mal. Ca fait vraiment mal. De toutes façons il n’est plus que l’ombre de lui-même. Waxl Rose est le frontman du plus grand karaoké que le monde n’ait jamais porté.

 

"I only want you", "I want you so hard": tes titres parlent de sexe, drogue, rock’n’roll. Ces sujets récurrents garantissent-ils une bonne chanson ?
JH: Pour moi, oui. Comme Chuck Berry ou Little Richard. C’est ce que je fais. Je baise. Et joue. Et j’aime me secouer le zob et prendre du bon temps. Il y a bien trop de choses pour lesquelles on se fait du souci, et je ne vais jamais te dire pour qui voter. Je te le promets. Alors… oui, il faut que j’aie ça dans ma musique.
 

Quelque chose à dire aux kids?
JH: Yeah: restez à l’école et dites non à la drogue… ça je le dirais aux plus petits… maintenant aux plus grands qui ont entre 18 et 21 ans j’ai ceci à leur dire : amenez vos petites copines et on va bien s’occuper d’elles ! (rires gras)

 

Quelle est la femme de ta vie ?
JH: Pour moi c’est Kat Von D. Une tatoueuse de Hollywood. Elle est maintenant dans un show télé qui s’appelle Miamink. C’est la plus belle femme du monde pour moi. Elle ne sera probablement jamais ma copine… mais bon. Tu vois la fille là-bas (une fille qu’il embrassait 10 minutes plus tôt – NdlA)? C’est la beauté suisse ultime pour moi (ce n’est pas la même femme avec qui on l’a croisé main dans la main moins de deux heures avant cet interview – NdlA).

 

Que n’as-tu jamais dit à un journaliste auparavant et que tu vas me révéler ?
JH: J’ai un pénis de 23cm. Dans une cuve. Dans ma chambre d’hôtel. Je peux te le montrer si tu veux. Ca c’est un truc que je n’ai jamais dit à un journaliste de toute ma vie… (alors qu’il s’éloigne, il s’adresse aux gens qui traînent sur l’estrade : "Alors je peux aussi tirer sur ce joint ou quoi ?")

 

Dave Catching: Vous pouvez traîner par-ici si vous le désirez. Notre maison est la vôtre.

 

Jesse Hughes hurle : "Hey, vous restez pour le show ? Oui ? Je vais me donner pour vous, je vous le promets !"

 

On confirme ! Ambiance détonnante, l’homme n’oublie jamais de se recoiffer sur scène, ses Ray-Bans vissées sur la tête, il joue son rôle de showman à la perfection, il est le seul rocker que nous ayons vu (et Dieu sait si on en a vu défiler !) qui fasse chanter la foule sans faire penser à un concert pour les Restos du Coeur ou un match de foot. Tous les meilleurs titres y passent, y compris deux reprises : "Brown Sugar" et "Stuck in the Middle with You". Pour un titre, Jesse rejoindra Turbonegro sur scène. L’homme n’a qu’une parole : il nous a promis un bon show. Il nous l’a offert.

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