Retour sur quelques moments de la carrière des Young Gods en compagnie de Franz Treichler et Bernard Trontin. Interview réalisée durant le festival Pully for Noise 2007.

The Young Gods

Quelle évolution tu remarques depuis "Kissing the sun" (album Only Heaven, 1995) ?
Tu prends ça comme tournant, pourquoi pas en fait ! Dans ce morceau, tu as une grosse volonté de rester dans un truc en format rock-chanson mais d’aller plus loin sans y réussir… Avant, c’était T.V. Sky : ligne claire, le riff pour le riff. Sur chaque album il y a un morceau qui annonce peut être la suite. Tu prends l’album T.V. Sky, le premier morceau "Our House" c’est celui qui annonce Only Heaven. Si tu prends "Summer Eyes", le grand morceau que l’on va jouer ce soir, c’était une tentative d’aller vers quelque chose que l’on a trouvé ou plutôt que j’ai trouvé inachevé. Je voudrais dire que "Kissing the sun" est une envie d’aller assez vite vers le côté planant peut être plus pink-floydien, plus seventies, et en même temps comme comme des contemporains de cette époque là comme Aphex Twin. Il y avait ce côté-là chez les Young Gods. Et c’était jusqu’à l’aboutissement de la déconstruction sans basse, sans batterie presque pour se tourner vers l’électronique, de mettre en parenthèse la guitare et le riff. Grosso modo, dès que quelque chose devient cliché chez les Young Gods, on a envie de passer à autre chose.

D’où vous vient le concept de jouer tout l’album TV Sky en live ?
Ca, je dois t’avouer que ça ne vient pas de nous. C’est une idée et une demande du festival en référence directe avec ce festival anglais qui s’appelle All Tomorrow’s Parties. Sonic Youth va bientôt faire l’album Daydream Nation. Chaque année, ils demandent à un groupe de faire tel album. C’est ça qu’ils appellent les Gentlemen Session. Ce n’est pas l’idée qui vient de nous, je ne pense pas qu’on l’aurait eu.

Comment avez-vous accueilli cette demande ?
C’est comme une espèce de défi. En même temps, il faut se replonger dans une partie de ton histoire qui est révolue. Il y a des morceaux de cet album que l’on n’a jamais joué. Bernard n’a rejoint le groupe qu’il y a dix ans en 1997 et n’a pas connu cette période (Ndlr Bernard Trontin, batterie). Il était d’ailleurs très motivé par le projet. Il y a trois morceaux, qu’il n’avait jamais joués et un qu’il ne joue que depuis trois mois.
Bernard: C’est surtout un qui dure quinze minutes. Ou plutôt 20. À l’époque j’étais fan et c’est un bonheur de jouer ces morceaux sur scène.
Franz : C’est une année assez spéciale car on nous a demandés de faire l’album de Kurt Weil dans la ville natale de Kurt Weil. Et le même mois, on nous a fait les mêmes propositions. Ca nous a fait vraiment quelque chose. C’est marrant et on s’est dit qu’il fallait le faire.

C’est une année très riche pour vous !
Oui, c’est une année super riche. Je crois que depuis deux ans c’est assez riche. Depuis que l’on a fait les vingt ans et le concert à Montreux. On a remis les gaz à ce moment. Ca nous a fait ouvrir l’esprit de faire le concert de Woodstock et notre projet avec Dälek. C’est une volonté depuis 2004 de s’ouvrir de faire par exemple la musique ambiant derrière un conférencier qui parle de l’Amazonie ou d’anthropologie. Si le public nous suit et vient nous voir même pour un projet barré comme reprendre T.V. Sky cela veut vraiment dire quelque chose

Trent Reznor a récemment dit qu’il avait été influencé par vous, ça vous touche ?
Oui, c’est clair !!! Surtout qu’il est très talentueux au niveau de la mélodie, du songwriting. Si on l’a influencé, c’est tant mieux mais je pense que la musique n’appartient à personne. Tu ne peux pas dire que tu fais quelque chose de complètement original de A à Z. Tu trouves toujours des influences. J’ai commencé avec la guitare classique, Bernard écoute beaucoup de jazz. Ce sont des influences qui se mélangent et qui sont à la base improbables. Il y a eu les Floydiens puis les Doorsiens. Tu peux faire des choses qui se retrouvent par hasard sous les highlights, mais à la base cela vient du plus profond de toi. C’est plus ça qui influence les gens. De ce côté-là je suis très éclectique, que ce soit rock, electro, jazz.

S’il y avait quelque chose à changer dans votre carrière ?
Je ne sais pas quoi te répondre. Il y avait une période qui était un peu difficile. Un changement de managment, une grosse amitié qui a foiré, là je parle à titre personnel mais j’aurais dû ouvrir les yeux plus tôt. C’est la période la plus difficile du groupe. Mais rien à regretter, je trouve ça super d’avoir toujours la pêche après toutes ces années.

Votre coup de cœur du moment ?
C’est plus très nouveau mais l’année dernière j’ai flashé sur Cocorosie. On les a connu à Montreux et le deuxième album m’a amené au premier, et j’ai commencé à les connaître comme ça.
Bernard : Le dernier truc que j’ai acheté c’est le dernier album de The Queens of the Stone Age, car pour du stoner je les trouve vraiment inventifs. À chaque morceau, il y a un effet de surprise qui n’est pas si simple que ça. C’est toujours bien vu, très subtil et pas du tout tape à l’œil.
Franz : Sinon dans un tout autre style, j’aime bien Ricardo Villalobos.

Photos ©Alain Groux

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