dimanche , 10 novembre 2024
D’abord on se parque. Dans les vignes. On sort du char et on voit les montagnes, le château de Vufflens. À part Montreux, aucun festival de la région ne peut se targuer d’avoir un si beau point de vue. (…)

Compte-rendu Berles Rock 07

D’abord on se parque. Dans les vignes. On sort du char et on voit les montagnes, le château de Vufflens. À part Montreux, aucun festival de la région ne peut se targuer d’avoir un si beau point de vue. C’est donc guillerets qu’on arrive à la caisse et qu’on s’annonce.

 

Si Les Percu.ch ont étonné le public car très répétitifs (mais c’était là leur but : revisiter une partie de « Drumming », l’une des œuvres majeures de Steve Reich), il n’en reste pas moins qu’ils nous ont livré un beau moment de minimale jouée sur de « vrais instruments ». Pas très rock diront certains, à raison, mais pas plus que ne l’était Irkoutsk, gamin bâtard de free-jazz et de rock lourd seventies, qui n’est (de loin) pas sans rappeler King Crimson. On ne doute pas que les quelques soixante-huitards disséminés çà et là devaient regretter leur bon vieux LSD, n’empêche que les jeunes, même clean (c’est la fatigue qui rend les yeux rouges, tout le monde sait ça), n’auront eu aucun mal à digérer cette fusion de genres.

 

C’était après l’apparition des très lausannois Toboggan, trio rock, sombre, qui fait vrombir les basses comme personne, mais qui reste malgré tout bloqué dans l’indie nineties. Malheureusement.

 

Et pendant tout ce début de la soirée, c’est Microfilm qui prenait son élan pour nous foutre une claque monumentale ! Même si l’absence de chanteur (et qui dit chanteur dit fil rouge) se fait généralement sentir dans le post-rock, Microfilm réussit le challenge de nous forcer à nous concentrer sur la musique. Bien sûr, il y a ce côté visuel, ces projections qui apportent un petit plus. Mais la frappe du batteur qui joue comme si sa vie en dépendait sont autant de coups de poing dans la tronche que la Fender Mustang du lead guitarist est une machine à tuer. Sons indies triturés sur leur lit de basse tantôt calme, tantôt énervée, jamais énervante. Jamais très loin d’Appleseed Cast, Microfilm est à suivre de près.

 

Puis Cézigues. Bonne humeur, punk, reggae etc. Du festif, donc peu d’intérêt pour Lords of Rock, mais il n’en est pas moins que la qualité du son – et c’est le cas pour tous les autres groupes – est très bonne, si bien qu’on COMPREND les paroles, et croyez-moi, tous les festivals de la région aussi grands soient-ils ne peuvent pas en dire autant.

 

Samedi était probablement le jour le moins prenant pour le rocker moyen : un pâlot Maryrose en guise d’entrée, un Ouizzz qui n’a de place que sur la chaîne Mezzo, un Less Is Groove qui malgré l’excellent line-up de bons musiciens (et quelle voix !) tape tout de même beaucoup dans la variétoche Star Ac’. Mais le pire devait être Poutre Apparente, trônant au Panthéon du Chiant avec ses improvisations cacophoniques sans queue ni tête, indigne de figurer dans la plus rébarbative émission d’Arte. Si la peinture qui évoluait au deuxième plan de la scène titillait la curiosité de son public au départ, elle s’est vite transformée en ramassis de pâté grisâtre – la guitare brisée collée sur «l’œuvre» n’ayant même pas réussi à provoquer la moindre érection au rockeur lambda.

 

Heureusement, Pneu est venu à la rescousse et rattrape le coup. Duo séminal et primaire, ils ne jouent pas sur scène mais dans l’herbe, s’entourant de leur public serré comme des sardines, en cercle, en communion. Et ils ne s’encombrent pas de tout et n’importe quoi : une batterie à peine plus évoluée que celle des défunts Presidents of the United States of America et une guitare grasse et dégoulinante d’overdrive. Si une voix aurait été désirable là-aussi, il est à noter la dextérité du guitariste qui jongle aussi bien avec les basses qu’avec les riffs lead. Joyeux bordel : même le public a pu prendre, l’espace d’une chanson, la place du batteur. Qui a dit qu’on ne s’amusait pas ?

 

Enfin, c’est Larytta qui a clôturé les festivités avec des sons acides et des beats froissés hauts en couleurs.

 

Le point le plus bluffant cette année au Berles est l’organisation : pour des bénévoles, l’organisation d’un camping, les installations, les coins VIP, la place à disposition, la dimension humaine mais très professionnelle est admirable. Très pro et portée par une seule motivation, la jeunesse n’a pas oublié de s’amuser. Impressionnant. Et d’après les rumeurs – certes aussi vagues que préméditées – la programmation de l’an prochain risque de ravir plus d’un festivalier… et de rendre jaloux plus d’un organisateur de concert !


www.berlesrock.com

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