Le Gurten Festival vu à travers les yeux et l'objectif de notre journaliste et photographe Joël Espi. Le compte-rendu précis et émouvant d'un homme qui a fait fi des éléments déchaînés et qui s'est courageusement rendu sur la montagne bernoise.

Gurten Festival 2007

J’arrive à la capitale, un peu perdu devant les énormes travaux qui bouchent la sortie, empêchent les trams de circuler et moi de traverser la route sans contourner les bâtiments qui me font face. On se croirait à un arrêt supplémentaire du M2, mais il m’en faut plus pour me décourager. On a d’ailleurs mis sur mon chemin des épreuves qui mettront, durant ce week-end du Gurten Festival 2007, ma foi dans le rock à rude épreuve.

Satisfait d’être passé devant tout le monde pour prendre le funiculaire (jusqu’à une heure d’attente, mais pas de soucis il y a de la bière et des crêpes juste à côté !), je regarde à travers les gouttes et le brouillard les courageux qui décident, par pur plaisir (qu’il faudra un jour m’expliquer), de profiter d’une humide marche d’une quarantaine de minutes pour atteindre la colline du Gurten, petit havre musical dont l’accès est interdit aux voitures. Le festival est déjà lancé depuis un jour, Avril Lavigne a, la veille, contenté ses milliers de fans qui doivent, en ce milieu d’après-midi, dormir et rêver à la leur idole rebelle et sexy, comme la créature d’un film de Tarantino. Alors que Nada Surf sur les torrents de boue, je me réjouis d’entendre des groupes dont l’audience est moindre, mais qui promettent de belles surprises.

Cela ne prendra pas longtemps, et les amis de la germanophonie ont trouvé leur groupe rock ! En début de soirée un méga show des Beatsteaks, qui chantent en anglais et en allemand, a mis le feu au public bernois surmotivé et caché sous des pèlerines offertes par les sponsors et autres sacs poubelle revisités pour l’occasion. Car pour braver la pluie, deux solutions : soyez fashion ou ne soyez pas ! Dans le premier cas, bottes bariolées et anoraks de tous styles, pèlerines précitées, tendance protection contre les éléments et festival quasiment au sec. De l’autre côté on prend un short, le plus court possible, on fait sauter les tongs et on patauge dans la boue! Quelques belles glissades et des gamelles qui me feront encore sourire durant mes prochaines soirées hivernales
 Les jolies filles du Gurten n’étaient pas les seules à enlever leurs vêtements, puisque Jack Shears des Scissor Sisters a gratifié le public d’un strip-tease quasi intégral, enlevant son costard cravate façon écolier. 

Ce n’était pas à Woodstock mais un peu avant, et comme Jimmy et Janis sont partis il a fallu en rester au rock’n’roll façon 50’s et 60’s. Hillbilly Moon Explosion et Les Pippettes (venues directement de Brighton pour me voir) ont rappelé qu’en ce temps là on ne traînait pas dehors pour écouter de la musique à fond les manettes, mais qu’on repassait ses chemises et cirait ses chaussures avant d’aller au bal. Mais peu importe, des adeptes de grands espaces, comme les Bosshoss et moi, avont pu humer l’air frais de la montagne et nous purifier sous une pluie régénératrice, surtout moi qui n’avait pas de chapeau de cow-boy. Sur la Waldbühne, les fans ont prié les Young Gods de faire cesser la pluie au nom du rock et de leurs morceaux les plus connus, et ceux-ci se sont exaucés, donnant ainsi un moment de répit aux festivaliers se préparant à rempiler pour le lendemain.

Photos @Joël Espi

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