The Budos Band

Commençons par le commencement. On ne peut pas parler des Budos Band sans parler Daptone Records. Et on ne peut pas parler de Daptone sans évoquer Charles Bradley. C'est en quelque sorte le point de départ des Budos BandAprès avoir été repéré par Daptone, cet ex-sosie de James Brown s'associe avec Thomas Brenneck, leader des Bullets, pour sortir deux morceaux. Peu de temps après, les Bullets se séparent pour que finalement Brenneck décide de reformer un groupe, accompagné de Jared Tankel, un fondu d'éthio-jazz… The Budos Band est né. Nous pourrions aller plus loin en précisant que l'amitié entre Bradley et Brenneck s'étala au point qu'un autre groupe dirigé par ce dernier, The Menahan Street Band, composa l'intégralité des morceaux du premier album du crooner. Nous pourrions également aborder l'histoire des Dap Kings, mais tout ça est une autre histoire…

Nous sommes en 2005, les Budos dévoilent un premier album éponyme teinté d'afro-beat et de soul. Alors exit le chant pour se concentrer que sur des morceaux tous capables de figurer sur la BO du prochain Tarantino. Tout est vintage à souhait y compris la pochette, une véritable œuvre d'art. Les petits continuent leur route en accompagnant Charles Bradley sur scène, avec bien évidemment une rotation avec The Menahan Street Band. Finalement « The Budos Band II » est dévoilé courant 2007, puis « The Budos Band III » en 2010 puis… « Burnt Offering » en 2014. Oui, sortir « The Budos Band IV » aurait été trop simple. Sur ce dernier opus le collectif a burné un peu plus sa musique, avec des riffs plus lourds et certains titres qui tanguent vers le blues-rock. Cette fois Brenneck et sa bande ne font plus dans l'exotique, ça se voit également à la pochette. Peu importe, on adore. D'ailleurs pour cette tournée le dress code est simple : barbe et cheveux longs. Maintenant que vous avez lu tout ça, vous comprendrez pourquoi nous ne pouvions pas rater le passage des Budos Band à Paris. Après un départ retardé d'une petite heure, La Maroquinerie ouvre enfin ses portes. On entend vaguement « Charles Bradley » ou « Menahan » dans les conversations, les connaisseurs sont là. Personne n'est venu par hasard ce soir. D'ailleurs pour un mois de juillet, la salle est quasi comble.

 

Le groupe vient s'entasser sur la scène et démarre avec « Maelstrom », un inédit sorti il y a quelques semaines sur vinyle. Dès le second morceau et les premiers riffs de « The Sticks », une transe se propage dans la salle, n'épargnant absolument personne. Personne ! Jared, véritable meneur en live se présente enfin. Pendant la première moitié de concert, la bande à Brenneck enchaîne habilement les morceaux passés, plus funky et tout droit sortis des années 70. L'ambiance est excellente, Thomas est détendu, Rob a la tête dans ses bongos comme à son habitude, Daniel joue de la basse à la verticale et on assiste donc aux excellents « Ride or Die », « Chicago Falcon » et « Black Venom ». Le public est conquis, il y a une réelle osmose entre tous les protagonistes de la soirée. Place désormais au nouvel album. La longue intro de « Into The Fog » amène à une explosion totale du public.

La très planante et très hypnotique « Aphasia » vient ralentir un peu le rythme effréné donné par les gus de Staten Island. Comme nous le disions plus haut, la basse se veut plus lourde, l'ambiance est plus grave. Sur « Magus Moutain » Thomas Brenneck fait des ravages et embrase littéralement La Maroquinerie, tout va brûler ce soir sur ce titre bourré de fuzz et de sons cradingues. L'interlude « électrique » fait une courte pause pour laisser la place à du groovy avec « Unbroken, Unshaven » ou encore « Budos Rising ». L'ambiance dans un concert de ce type de groupe est très particulière. Pas de chanteur qui sautille partout ou qui s'égosille à s'en faire péter les cordes vocales. Pas de crowd surfing, pas de pogos, que nenni. Ce n'est pas le genre de la maison. Les spectateurs du soir apprécient sans faire de vague, c'est à la limite du spirituel. Entre le côté très policé du jazz et la fougue du rock. Du pur bonheur. Jared et ses compères terminent par « Burnt Offering », titre éponyme de leur dernière galette, un retour à la puissance et au cradingue. Rob vient haranguer la foule et dépense toute son énergie pour ces dernières minutes de concert. Clap de fin, tout était parfait.

Chacun se ramène face au public pour un dernier moment en tête à tête. Puis John revient sur scène et demande à tout le monde de chanter avec lui pour rappeler le groupe. « Hey fuckin' Budos, get the fuck outta here ». Et ça marche ! Jared et le reste des Budos reviennent pour jouer de l'éthio-jazz, et c'est là que tout part en vrille. Mike ramène progressivement son clavier à l'avant de la scène pour finalement le placer au milieu de tout, poussant Jared et Daniel vers l'arrière. Le claviériste entre à son tour dans une transe psychédélique incontrôlable et termine le morceau à genou devant son instrument. Cette fois c'est vraiment fini, le public mettra un petit moment avant de redescendre. Finalement sans chanteur, et avec un style musical hors du commun, The Budos Band n'a malgré tout rien à envier aux cadors de la scène, ces mecs là ont des burnes.

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