Têtes Raides

La créativité des Têtes Raides n’est plus à prouver depuis le temps qu’ils parcourent les routes de France et d’ailleurs. Et avec une si longue discographie et de nombreuses collaborations, on n’est pas si surpris de découvrir « autre chose » de la part du groupe. D’autant plus qu’on connaît l’amour des textes et de la poésie qu’à Christian Olivier, leader et membre fondateur des Têtes Raides.

Ce qui est intéressant sur cet album, c’est qu’on découvre des poèmes assez courts, (moins d’une minute) qui forment des sortes d’interludes et qu’on retient assez facilement. Il y a tout d’abord "Le Cheval Rouge" de Prévert que Christian Olivier utilise en intro et a cappella. On apprécie ensuite "Un enfant a dit" un texte de Raymond Queneau (qu’on connaît surtout pour le roman "Zazie dans le métro"), mais qui a aussi une longue carrière de poète. Sur la deuxième partie du disque, il y a 5 poèmes qui se suivent de Philippe Soupault. Les quatre premiers forment un tout avec la musique entrainante des Têtes Raides, alors que "Georgia", plus sombre, rompt cet esprit festif.

On pourrait encore vous citer les poèmes de Rimbaud, Desnos ou d’Apollinaire, mais nous préférons vous parler du chef d’œuvre de l’album : "Le Condamné à mort". Un long texte de Jean Genet qui accompagné par la musique des Têtes Raides rend ce poème très touchant. Et pourtant, ce texte est dédié à un voleur et un assassin. Maurice Pilorge 20 ans, un destin et une vie tragique. Après une enfance difficile entre placements et larcins, Pilorge devient un jeune dandy qui enchaine les cambriolages et finit par tuer son amant, un prostitué mexicain pour quelques malheureux billets. Jean Genet a écrit ce long poème comme si il avait rencontré Pilorge à la prison de Saint-Brieuc, or il semblerait qu’ils n’eurent pas l’occasion de se rencontrer. Bref, le texte demeure magnifique et les passages érotico-poétique qui peuvent surprendre au début finissent par nous émouvoir. Maurice Pilorge fut le dernier condamné à mort, guillotiné en public. Pour ce poème, la musique des Têtes Raides est répétitive, un peu nostalgique, mais toute en nuance. Et au bout des 20 minutes, on n’a pas envie qu’ils s’arrêtent de jouer.

Hormis ces nombreux poèmes, on découvre 2 titres inédits (Corps de Cris, L’éphéméride), une nouvelle version du tube "Ginette" et une reprise très lente d’Elvis Presley (Love Me Tender). Pas mal du tout.

Un DVD accompagne le disque, un live enregistré à Paris en décembre dernier. Et comme tout le temps avec les Têtes Raides, l’objet est magnifique avec tous les textes, avec de belles photos et les présentations des auteurs. Le défit de Christian Olivier n’était pas gagné d’avance, mais le résultat est au delà des espérances. Ce disque permettra sans doute de (re)découvrir tous ces poètes disparus. Un objet à posséder

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2 comments

  1. C’est effectivement un album fantastique.
    Ça me chagrine toutefois que vous ne vérifiez pas l’orthographe que vous citez. Je fais évidemment allusion à Rimbaud.

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