De Leysin, Suisse un nouveau petit label à des années lumières des discours convenus et habituels. Ici, on ne s'embarrasse pas de multiples plans marketing. Une seule clé: l'enregistrement à l'ancienne, en montagne, de compilations, avant de sûrement lancer de vrais albums. La solution à la crise ? Interview des deux têtes pensantes de Rowboat, Cédric et Patrick et visite des bureaux.

New Sound: le label Rowboat

De Leysin, Suisse un nouveau petit label à des années lumières des discours convenus et habituels. Ici, on ne s’embarrasse pas de multiples plans marketing. Une seule clé: l’enregistrement à l’ancienne, en montagne, de compilations, avant de sûrement lancer de vrais albums. La solution à la crise ? Interview des deux têtes pensantes de Rowboat, Cédric et Patrick et visite des bureaux. 

 

 

 

 

Avec trois compilations réunissant des artistes audiacieux, le label commence gentiment à faire parler de lui. Le grand public pourra faire sa revue d’effectif en se rendant au Bourg de Lausanne ce samedi, pour la première Rowboat Party. La soirée qui sonne comme un test pour les deux compères du label devrait permettre de mieux mesurer ce phénomène naissant. Le phénomène Rowboat.

 

Lords of Rock : Comment se passe première rencontre ? A Leysin, forcément ?

Cédric : Oui c’est vrai qu’on s’est rencontré à Leysin. A la Nuit des Fées précisément, bien qu’on se soit déjà croisés sur des snow parks l’hiver ou des skate parks l’été, tu y faisais des photos. J’avais aussi vu Pipo jouer sur scène avec Ska Machine.

Patrick : c’est vrai, non ?

Cédric : oui, oui, c’était il y a longtemps. On avait dansé à la Nuit des Fées, tu y avais mixé peu après t’être installé à Leysin avec ta femme.

Patrick : oui, et je n’avais entendu que du bien de toi en tant que batteur des Mondrians et petit photographe (sourire).

Cédric : on a vite remarqué que l’on avait pas mal d’affinités musicales en commun, surtout concernant le son, ceci même si nous pouvons aimer des choses totalement différentes. Hier en descendant à Vevey, on écoutait Snoop Dogg dans la voiture par exemple. On aime bien aussi les grosses productions (rires). Mais nous sommes les deux assez amoureux du son lo-fi et un peu pourri. On s’est ensuite plus connu dans un festival hippie à la Rue du Commerce, on a passé 4 heures à discuter et à la fin on s’est dit : « ok, on fait un label ». Ca s’est terminé par un handshake et on s’est dit : « chiche ! ». Maintenant, on est à la tête de 50 employés dans le monde (rires).

Patrick : nous n’écoutons pas du tout les mêmes choses. Pour ma part, je suis à fond dans les vieux trucs, fin des années 60 voire débuts 70.

Cédric : si j’écoute des choses de cette époque, ce ne sera que des classiques, tandis que Patrick connaît toutes les perles que personne ne trouvera jamais, entre le funk, la soul, le rock, le surf, le garage. Regarde sa collection de disques au salon (ndlr : plus de 3’000, chiffre honorable).

Patrick : on n’est pas du tout pareil mais on aime tout ce qui est décalé, ce qui est sincère. Je crois que c’est ce que nous faisons avec Rowboat en enregistrant des groupes dans leurs trucs à eux. Parce qu’on a parfois des demandes un peu…

 

« On fait un label. Chiche! »


Justement, parlons-en…

Cédric : on a pas mal de groupes enthousiastes qui nous sollicitent mais… on n’arrive pas à leur expliquer que cela ne nous convient pas, même si ce sont des potes motivés. On ne veut même pas que cela soit des choses pointues… Dans la ligne directrice des groupes enregistrés, il y peut autant y avoir des groupes de hardcore ou de noise, autant que de l’électro expérimentale ou du dub. Il n’y pas de conditions ou de critères, ça nous plait ou pas (sourire).

Patrick : pas besoin que cela soit virtuose. Quand je récoute mes morceaux à moi, je les trouve parfois merdiques (rires).

 

Il faut savoir garder son caractère en fait…

Patrick : oui, comme ce que fait Cédric avec son projet Buvette, en parallèle de sa participation aux Mondrians. Ce groupe-ci n’irait pas sur le label.

 

 

 



Tu enregistres depuis longtemps des groupes dans ta cave ?

Patrick : j’ai toujours joué sans me prendre au sérieux. Concernant les enregistrements, cela fait maintenant 2 ans que je le fais. Le but était de faire des choses, créer encore et toujours.

 

Effectivement, quand on parle du label Rowboat, on entend souvent l’adjectif passionné associé à votre nom. Par ailleurs, comment ont commencé ces enregistrements ?

Cédric : au début, c’était de l’auto-promotion dans l’idée « l’union fait la force », mais on avait aussi l’envie de prendre d’autres groupes. Toutefois, les deux premiers volumes ne concernaient que nos enregistrements à nous. On trouvait à chaque fois des concerts ensemble, on faisait juste 5 copies dans les backstages, à la main, pour les donner aux gens. Le Volume 3 fut terminé en juillet et concrétise le but que l’on s’était fixé : il y a 6 projets musicaux différents.

 

 

«On n’est pas du tout pareil mais on aime tout ce qui est décalé, ce qui
est sincère. Je crois que c’est ce que nous faisons avec Rowboat en
enregistrant des groupes dans leurs trucs à eux
»

 

 

Et la répartition des rôles au sein de l’entreprise Rowboat ?

Cédric : c’est une dynamique à deux, on se complète parfaitement. Je m’occupe de l’organisation des concerts et de la conception des pochettes, Patrick s’occupe lui du studio. Je ne saurai pas le faire. Je connais la technique, mais je ne saurai pas trouver le bon son.

Patrick : je viens aussi d’acheter une machine à faire des T-Shirts pour lancer une ligne (rires).

Cédric : bon, cela est secondaire, la base c’est la musique tout de même (rires).

 

Qui sont les groupes présents sur le Volume 3 ?

Cédric : il y a Pat V and the Pat V’s qui enregistre comme une légende dans sa cave, la plupart du temps hyper rapidement, une piste par dessus l’autre en rembobinant à chaque fois la cassette pour chaque instrument. 

Patrick : concernant Buvette, il sample (sourire). Il fat du collage, enregistré chez lui, avec des claviers Casio, Micro Korg, Rapman et d’autres avec son chant.

Cédric : il y a aussi Welington Irish Black Warrior, groupe neuchâtelois, venant d’un son plus poppy pour devenir hyper noise. Ils se sont très rapidement ouverts à une grande quantité de styles différents. C’est un trio tribal dans le rythme mais qui me rappelle de l’électro dans la répétition de leur schéma de morceau, qui monte en intensité. De la noise assez énergique pour résumer, avec des idées de musique folk.

Patrick : mais on n’aime pas le terme tribal, ils n’ont pas de djembé par exemple (sourire). Cependant quand je les vois, je peux très bien les imaginer dans une caverne, avec des bouts de bois. De la musique de Cro-magnon dans un certain sens.

Cédric : oui, tu sens que quelque chose sort de leur musique, ce n’est pas du cinéma. Si cela ne marche pas lors d’un concert, on le remarque immédiatement.

 

 

       

 

 

Il y a aussi un groupe appelé Marilou…

Cédric : oui, c’est aussi un trio, mais de Vevey. Un croisement entre de la new wave sombre et un disco violent. Le batteur, Laurent, a des beats assez binaires, très discos, mais leur musique est hyper mineure. C’est hyper négatif comme musique. Autant Buvette est super happy, autant Marilou est…

Patrick : ça peut être carrément glauque.

Cédric : ce ne sont pas des gars glauques, mais leur musique est vraiment mineure.

Patrick : et pour des gars d’à peine 20 ans, ce qu’ils jouent reflètent des personnes avec une culture musicale vachement recherchée. Je reconnais des trucs des choses chez eux de Van Der Graaf Generator. Ils ne semblent ne suivre aucun mouvement. C’est exactement ce que l’on recherche chez Rowboat, des groupes qui le font par passion et pas juste pour se montrer sur scène.

Cédric : pour résumer, ils sont dans un triangle Sonic Youth, The Rapture et… je ne donnerai pas le troisième. Mais en citant ces groupes ils vont en ressortir quelque chose de beaucoup plus mature que cela devrait être. Il y a du Wire ou du Devo chez eux.

Patrick : notre slogan pourrait être : « on est là pour la musique et rien d’autre ».

 

On retrouve dans la compil’ Rowboat un autre membre des Mondrians…

Cédric : Alric joue sous le nom de Kurzwelle. D’une culture musicale assez large, il s’est ouvert à peu près en même temps que moi à d’autres styles de musique et s’est intéressé à une autre manière de jouer de son instrument. Il est dans un truc plus expérimental, il n’y a pas de schéma classique. Il est entièrement dans la recherche de sons, avec une approche hyper esthétique dans sa manière de faire. Il n’a fait qu’un concert jusqu’à maintenant. Le Bourg sera la deuxième fois qu’il se produira sur scène. Il est assez doué dans ce qu’est le bidouillage életronique, il crée des interférences. Mais typiquement dans une recherche sonore. Selon moi, chaque concert sera différent, avec des instruments différents. Enfin, l’avenir le dira…

 

Il y a encore Überreel…

Cédric : oui qui sont Pat et Didier de Bel Air Records, deux vieux potes.

Patrick : on collectionne des disques et des instruments vintages depuis longtemps. On a toujours parlé de musique mais sans avoir de projet. Lui avait son groupe, Girls In The Kitchen, mais avait au fond de lui un amour pour un son précis, hyper pointu. Il a recheché pendant des années des perles rares métalo-discos de la fin des années 70. Il adore les boîtes à rythmes pourries par exemple. À chaque fois que l’on se voyait, on parlait pendant des heures de claviers, de musique. C’est lorsqu’il a voulu me montrer son nouveau local qu’on s’est mis à jammer On avait le feeling, tout simplement…

Cédric : ils s’entendent vraiment bien au point de composer un morceau en 10 minutes parfois.

Patrick : on est un peu bloqué dans le vieux, avec nos vieux claviers, mais en ayant une ouverture d’esprit sur la musique. On ne dit pas que la musique n’était bonne qu’entre 1969 et 1972 comme certains… Cédric m’ouvre lui aussi plein de portes sur la musique. On ne peut pas s’intéresser à tout, par manque de temps aussi (ndlr. Patrick a une longue carrière dans la photographie derrière lui). On tente de créer quelque chose à nous : on n’a pas de chanteur, même si on s’est déjà questionné sur le sujet. On reste les deux, passionnés, à faire notre truc au sein d’ Überreel.

 

   

 

 

Et pour la suite ? Déjà quelques idées ?

Patrick : des T-Shirts !

Cédric : oui, on a déjà quelques idées pour un Rowboat Volume 4, qui serait notamment d’enregistrer un groupe de Genève, Ghetto Blasters. Deux musiciens italiens et tessinois d’électronique qui sont assez expérimentaux, très décousus, avec un matériel différent à chaque concert. Parfois analogiques, parfois avec des claviers. Sinon, il y aura dans ce volumen un groupe obscure qui s’appelle What The Fuck Bijou.

Patrick : on aimerait faire monter ici à Leysin Julie de Solange la Frange pour chanter sur un beat que l’on ferait Cédric, Didier et moi-même.

Cédric : un truc qui chie pas mal. Je ne sais pas si l’on peut l’annoncer… Enfin, c’est son désir, et puis on est assez motivés à le faire. Pour autant qu’elle gueule bien (rires).

Patrick : il y a Nana, ma femme, qui chante aussi. Elle fait du chant lapon, on a enregistré quelque chose ensemble récemment.

Cédric : on n’a toutefois pas encore commencé les enregistrements pour ce Volume 4. Un autre désir serait de sortir d’ici quelques mois des mini albums de chaque artiste sous le nom Rowboat et se mettre à trouver des dates pour tout le groupe du label, ceci sans pour autant devenir une boîte de booking. On aimerait bien le développer. Les mini albums seraient enregistrés ici à Leysin ou ailleurs. Pour l’instant, on peut trouver les compilations à Obsession ou à Bel Air, tout deux à Lausanne, à DCM à Aigle. On recherche des nouveaux deals avec des disquaires en Suisse. Sinon, il suffit d’écrire à Rowboat, La Coccinnelle, 1854 Leysin ou via Facebook.

 

Myspace de Rowboat: www.myspace.com/rowboatsound

Facebook de Rowboat: www.facebook.com/rowboatsound

Myspace des groupes du label:

www.myspace.com/patvandthepatvs,

www.myspace.com/tchakabak,

www.myspace.com/marilouband,

www.myspace.com/welingtonirishblackwarrior

 

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2 comments

  1. belge
    suis belge, souvent en suisse & très intéressé dans votre projet. Keep the goo work up !
    & oui ; dans ta face ; grtz2solange-la-fouette

  2. Moi aussi
    Je viens du Congo, et il y a beaucoup de musique tribale chez moi.
    Mais je m’ennuis pas mal de ça.
    Vous avez une chambre, je viens de suis par très encombrant et on joue de la musique ensemble?

    J’attends avec impatience votre réponse.

    Kongo

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