Rock en Seine (samedi)

D’électro il est en effet bien question aujourd’hui. Plus clairement une Pop Electro douce et légère pour commencer. Douce, mais qui sait se faire respecter avec quelques riffs correctement posés dans leurs compositions. Inconnus au bataillon Dorian Pimpernel fait partie de ces groupes Français qui arpentent tranquillement les chemins de la musique. Loin des médias, et des lumières du Main Stream, ici il y a une âme, quelque chose à partager. Simplement, entre copains.

Faisant partie de Born Bad Record, un label indépendant présent au village du disque du festival. Qui a signé d’autres artistes français dans cette lignée. Dorian Pimpernel est venu nous proposer ses morceaux dans une ambiance bon enfant sur la scène de l’industrie. Une bonne mise en bouche pour cette journée. 16H approche, je décolle avant la fin car une conférence ouverte à tous va commencer…

Il est 16H15, on se retrouve sous le petit chapiteau de la scène île de France. Où des petits groupes font leurs armes tout au long de ce festival. C’est une conférence qui démarre, pas annoncée sur le plan, mais ouverte à tous. Le sujet : s’adapter aux nouveaux modes de distribution de la musique. Pas de détails sur les débats, mais un constat simple : l’arrivée du Streaming, et la dématérialisation des morceaux a tout chamboulé dans le milieu. Et oui mes amis, Deezer, Groove Shark, Soundcloud imposent leurs modèles. Un succès pour notre style de vie numérique et connecté.

Une fois la conférence passée, un stop au bar du coin, et direction la main stage pour la découverte de St Paul and the Broken Bones. C’est une agréable surprise qui nous attend ici. Ces messieurs, tout droit venus d’Alabama, le pays de Lynyrd Skynyrd et du Tedeschi Trucks Band, viennent nous proposer un savant mélange de Soul, de Blues classe, et de Rock à l’américaine. D’ailleurs, ils ont la classe les Broken Bones ! De l’énergie il y en a à revendre chez ces américains venus en toute humilité nous faire goûter à leur cocktail soul. L’alchimie entre la section cuivre et le chanteur est vraiment bonne. Ce qui me fait penser aux grands moments d’Otis Redding.

Le style classieux du costume 3 pièces du chanteur n’a d’égal que son talent au chant. Autre référence inévitable pour décrire le bonhomme : Joe Cocker. Morceaux joyeux et énergiques, ou grilles plus bluesy laissant place au sentiment. Il le dit lui-même « Sometimes when you do what we do, you have to sing about things that hurt », parfois quand on fait ce qu’on fait, il faut parler et chanter à propos de choses qui font mal. Les instruments viennent parfaitement illustrer les propos. Pour une fois que la scène française s’intéresse à de la Soul pur-sang américaine profonde et mélodieuse. C’est un plaisir de se laisser porter !

Bon le tour de chauffe est fini ! On ne rigole plus c’est l’heure de Thee Oh Sees. Les mecs qui font le type de rock le plus décomplexé que je connaisse. Un pot pourri de tout ce qui fait qu’un morceau sonne rock. Mais du gros qui tâche, pas du petit rock de midinette. Sans jamais virer au métal ou autres formes d’expressions plus agressives. John Dwyer est le leader de ce groupe obsédé des lives et du travail du son. Il porte sa guitare bien haut, et la triture dans tous les sens, pour en sortir les riffs, les solos, et les rythmes rocks les plus accrochant. Le bassiste Mike Shoun à l’air d’un taré ivre de sons évidemment, et le batteur Lars Finberg me rappel humblement Dave Grohl dans sa période batteur échevelé de Nirvana.

Malgré des problèmes techniques mineurs, qui ont ralenti le rythme du concert. Ils ont su envoyer la sauce comme il se doit. The « OC’s » from California ont enchainé les morceaux typés punk, garage rock, psyché, et bien sûr des gros accords de puissance bien ROCK. C’est ce genre de groupe qui vient nous rappeler pourquoi on aime le rock, et pourquoi on est là à Rock en Seine.

Non la journée ne devait pas être uniquement électro, quoique … C’est bientôt le tour d’Emilie Simon puis de Portishead ! En tout cas Thee Oh Sees ont tenu la baraque Rock dignement en faisant même du rab de 5 min histoire de rattraper le temps perdu au cours des déconvenues techniques. C’est aussi dans ce genre de moments qu’on reconnaît ceux qui sont capables d’assurer et de tenir le show !

Aujourd’hui je boude la Main Stage ! Enfin plus pour très longtemps à mon avis… Mais il reste encore une histoire à raconter sur la Scène des cascades. Et non des moindres ! Mademoiselle Emilie Simon accompagnée par l’Orchestre d’île de France va nous démontrer ce que l’équation : Electro x Rock + Poésie /(Musique classique) peut donner comme résultat.

Je vais vous avouer que mon avis ne saurait être objectif ici. Je suis secrètement amoureux d’Emilie depuis que je l’ai découverte lors de sa victoire de la musique en 2004. Ce qui m’a permis de suivre les sorties de ses albums et de voir son évolution musicale. Faite à base d’expériences sonores, de recherche, et de thèmes différents à chaque fois. Après l’avoir vue en live dans une toute petite salle où la proximité avec l’artiste embellissait son travail. Il est temps pour moi de la découvrir en véritable artiste devants des milliers de personnes.

C’est l’expérience musicale qui est la sienne qu’elle nous invite à écouter et partager. Ses plus grands morceaux, DESERT, I CALL IT LOVE issue du film dont elle a signé la BO (la délicatesse), un peu de Rock avec FLEUR DE SAISON, et sa version personnelle d’I WANNA BE YOUR DOG. Emilie Simon a ajouté de la douceur à ce festival, tout en respectant les aspects rock de l’évènement. L’Orchestre d’île de France en soutien, comme pour souligner les arrangements. Avec suffisamment de retenue pour nous laisser en intimité avec l’artiste.

Voilà, j’ai fini de bouder la Main Stage, je m’approche de la scène pour y retrouver l’unique Beth Gibbons, chanteuse frontwoman de Portishead. Mais il est déjà trop tard. Des 40000 festivaliers présents sur le site (capacité totale encore une fois), au moins 30000 se sont déjà retrouvés face à la Main Stage. Inutile de forcer. La nuit est tombée, le concert commence. Plus la peine de se demander pourquoi Portishead est une tête d’affiche.

Comment définir Portishead ? Je ne m’y risquerai pas. C’est une expérience à faire. Malgré le nombre de personnes, et la distance avec le groupe, il y a quelque chose de chaleureux dans cette musique pourtant triste en esthétique. Comme si on était quelques potes sur un canapé à remonter le moral de notre amis triste, au coin du feu alors qu’il pleut dehors. Ou comme si on était dans une soirée en couple où l’érotisme de la soirée arrive à son paroxysme dans une lumière tamisée. Dans GLORY BOX, morceau phare, elle demande si bien « Just let me be, a woman », juste laisse-moi être une femme.

Un rappel après un concert magistral, fait de jeux de lumières et d’images mixées du live et de tableaux des groupes. Portishead sans Main Stage, sans nuit tombée, ce n’est pas possible. Au vus du nombre de téléphone en l’air entrain de filmer pendant WORDS tout le monde aime ! Les envolées lyriques de Beth, autant que les moments de génie de son guitariste, les interventions de Scratch, de thérémine, et de claviers… Un grand moment.

C’est tout pour moi ce soir. Un beau voyage ce samedi 23 aout 2014 ! Il reste une tête d’affiche ce soir : The Prodigy. Des habitués du festival. Ce sera sans moi. Ce n’est pas mon style l’électro-rap-psyché-métal. Ni Kavinsky que j’entends au passage sur la scène des cascades. Un DJ set qui a l’air de mettre le feu à un public amateur. Je rentre me reposer, parce que demain, y’a du gros !!!! 

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