Piers Faccini en interview

 

Lords Of Rock : Salut Piers, merci de nous recevoir pendant le souper. Comment se passe cette tournée ? Le public accueille-t-il bien les nouvelles chansons ?

Piers Faccini : La tournée se passe très bien, on voyage pas mal et j’ai l’impression que l’album a un bon accueil. C’est vraiment chouette.

 

Ton dernier album s’intitule MY WILDERNESS, peux-tu nous en parler un peu plus, notamment au niveau de sa conception ?

C’est un album qui s’est fait à la maison. J’ai quitté Londres il y a sept ans, je suis allé vivre dans les Cévennes. C’est une région dans le sud de la France, il y a un côté un peu désertique, c’est le début des montagnes, il y a une très belle lumière, la nature domine et cet endroit m’a toujours attiré. J’écris mes chansons à la maison et j’ai toujours rêvé d’aller au bout du projet. Il y a une petite maison que j’ai retapé dans les bois, on peut faire beaucoup de bruit, il n’y a rien autour, c’est tranquille. C’est là qu’on a installé les micros. J’ai fait beaucoup d’instruments moi-même, ensuite les autres musiciens sont venus. Parmi mes 4 albums solos, c’est celui qui me représente le plus. C’est moi qui ai suivi toutes les étapes, la production, la réalisation, les arrangements, le choix des musiciens.

 

Sur l’album, il y a un titre qui m’a particulièrement touché, c’est « The Beggar and The Thief », quelle est l’histoire de cette chanson ?

J’ai commencé à écrire cette chanson il y a plus de 2 ans lorsqu’il y a eu les expulsions des Roms, les gitans, à Paris. Cela m’a marqué car j’ai des origines rom par mon arrière grand-mère qui était gitane roumaine, mais qui était en Italie. J’ai beaucoup pensé à mes racines, à ma famille, où il y a beaucoup de voyageurs. Dans mon sang, il y a l’Irlande, l’Italie, des peuples d’immigrés. Du côté de ma mère, il y a des origines juives de la Russie et de la Pologne. Encore là, ce sont des peuples d’immigrés et de gitans et je suis proche de cette idée de nomadisme, surtout vis à vis de la mémoire de mes ancêtres et j’ai voulu raconter cette histoire qui est une sorte de fable entre ces personnages un peu mythiques qui est le « beggar », le mendiant et « the thief », le voleur. Deux personnages mystérieux, on ne sait pas ce qu’ils racontent, mais ils essaient de s’embrouiller. Il n’y a pas un sens très clair, c’est opaque, un peu comme tout l’album d’ailleurs.

 

 

Tu cites beaucoup de cultures dans tes racines, mais dans ta musique, on sent aussi des influences venant d’Afrique et du Proche-Orient. D’où est-ce que ça vient ?

En fait ça vient très naturellement, sans que je me pose trop de questions. Ce sont des musiques que j’adore, c’est dans ma marmite. On a eu une culture de là où on vient, notre famille, notre identité nationale, religieuse etc… mais on a aussi une identité avec ce qui nous touche dans la vie, dans l’art, dans l’écriture, dans la philosophie, dans la musique. Et moi, c’est ce qui m’a touché, même si ce n’est pas mes origines. Le Mali par exemple c’est quelque chose qui me touche énormément, ça fait partie de ma culture, dans le sens que cela nous influence et fait partie de notre vie.

 

Tu fais une sorte de musique universelle ?

Toute la musique est universelle. Quand une musique est moins définissable, lorsqu’il y a moins de frontière, ça parle à plus de gens. C’est un peu cliché de le dire, mais pour moi, lorsqu’on est entre musiciens et qu’on ne peut pas parler une langue, il suffit de prendre les instruments pour communiquer et c’est très beau.

 

On sent ces influences lorsque tu chantes, tu travailles beaucoup ta voix ?

Je suis un grand passionné de la voix de beaucoup de cultures. J’ai étudié les différentes façons de chanter, je suis très curieux. Je suis fasciné par les chanteurs en Iran, en Inde, au Pakistan, au Mali ou même dans l’Etat du Mississipi, en Afrique du Nord, au Proche-Orient ou en Irlande. C’est une façon différente d’utiliser la voix, c’est extraordinaire. La voix c’est le plus bel instrument et c’est le premier.

 

 

Mais parmi toutes ces cultures, tu te sens plus proche de laquelle ?

Ma culture fondamentale c’est l’Angleterre, déjà par la langue, c’est la langue maternelle. Et j’ai une grande passion pour cette langue, notamment en terme d’écriture.

 

Hormis la musique, tu fais de la photo, de la peinture, tu travailles les arts plastiques. Tu serais prêt à lâcher complétement la musique pour te lancer pleinement dans un autre projet artistique ?

Durant pas mal d’années, je faisais de la musique juste pour moi. Je ne faisais pas d’album, je n‘étais pas signé, mes chansons étaient juste pour moi, je n’avais pas de présence sur scène, je ne tournais pas et je faisais plus de l’art plastique. Et c’est tout à fait possible que je reparte là-dedans. C’est par vague. Et je pense qu’un auteur-compositeur a un nombre limité de chansons en lui avant qu’il se répète. J’espère que j’aurai la clarté d’arrêter la musique avant de me répéter et repartir dans la peinture.

 

Après cette tournée, est-ce qu’il y a des projets hors de la musique qui vont se mettre en place ?

Il y a souvent des projets hors de la musique, mais le problème c’est que je cours après le temps. Surtout que dans la peinture, il y a un truc vachement sédentaire. Se lever tous les matins, faire les mêmes gestes, tous les jours et seulement après des mois on voit qu’on se rapproche de quelque chose d’intéressant. Dans la musique, il y a ce côté nomade, être dans des endroits différents, sentir l’inspiration venir. Mais la peinture, je le sens presque comme un moine qui fait son truc, tous les jours pareil. Et quand je suis à la maison c’est difficile, parce que quand je sens quelque chose venir, c’est souvent le moment de repartir sur la route. Mais j’essaie de garder cet attachement avec le visuel. C’est pour ça qu’on essaie aussi de présenter un monde visuel quand on joue. Et pour les albums, je m’occupe toujours de l’artwork, pour faire un truc de cohérent.

 

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