Philip Glass à Antigel

Le film Koyaanistqatsi (1982) de Godfrey Reggio offre un regard unique sur l’état du monde contemporain. Ce documentaire évite la narration pour se plonger dans une expérience immersive et une méditation sur notre époque et notre planète. Le seul guide, à part les images, de ce projet expérimental est la musique sublime du compositeur minimaliste Philip Glass.

Glass utilise divers matériaux pour illustrer cette « vision synthétique du monde » qu’est le film de Reggio. En effet, des chœurs gutturaux aux accents tibétains se mélangent à des arrangements de cordes et de vents occidentaux. La musique du compositeur nord-américain a acquis un statut de culte, projetant le spectateur dans une dimension profonde et spirituelle.

Le mot expérience est utilisé de façon bien précise : le sensoriel et le conceptuel s’y mélangent. Philip Glass fait partie de la scène artistique qui explosa au Soho à New York pendant les années 1960. Il intègre un mouvement d’avant-garde auquel participèrent des artistes comme George Maciunas (fondateur de Fluxus), Yoko Ono et Andy Warhol, les minimalistes Lamonte Young, Steve Reich et Terry Riley, ainsi que des musiciens expérimentaux comme The Velvet Underground

Loin d’essayer un assemblage multiculturel facile et tomber dans la vacuité ésotérisante du New Age, Philip Glass conçoit pour Koyaanistqatsi une musique hantée et inquiétante, qui se promène parfois par la dissonance et des teintes dodécaphonique, ainsi que par la répétition et l’hypnose. Mais il s’agit d’une beauté troublante et prenante qui intrigue et charme en même temps.

L’occasion de voir ce spectacle, c’est-à-dire Philip Glass qui musicalise en concert ce film produit par Francis Ford Coppola, est unique. C’est une chance, un luxe et un privilège que le festival Antigel ait programmé cet événement rare. Glass a déjà 78 ans et sa trajectoire inclut également des collaborations avec des artistes de la taille de David Bowie, Ravi Shankar, Laurie Anderson et William Burroughs.

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