Pamela Hute en interview

 

Lords of Rock: Comment vas-tu ?

Pamela Hute: Très bien (sourire)

 

C'est la 3ème interview qu'on fait avec Lordsofrock. La dernière était en mai 2012, quoi de nouveau depuis ?

Ben, on est passé d'un EP a un album déjà ! Ça a été très compliqué cet album. On l'a fait une fois, on l'a fait une deuxième fois, on l'a pas refait 3 fois mais presque (rire). Après l'EP on s'est replongé un peu dedans parce qu'on a voulu faire changer des choses. On l'a fait remixer aux États-Unis par John Agnelo qui a fait un truc génial et donc ça nous a permis de mettre un point final à cet album.

 

Comment peux-tu expliquer cette complexité à faire cet album. Désir de perfection ou insatisfaction ?

Ben, c'est toujours le mélange de plein de choses mais je crois que, c'est bizarre mais on sent aussi quand un disque est fini. Il a fallu tout ce temps pour le sentir tout simplement. Oui de toute façon c'est évidemment une insatisfaction parce que si t'es satisfait tu sens que c'est fini et tu le sors. Ce qui était nouveau aussi et que j'avais pas réussi à faire jusqu'à présent c'est de lâcher prise sur le disque et justement le confier à quelqu'un. En fait ça a été super, il a fait un truc génial, il a adoré et tout. Du coup ça m'a ouvert des perspectives extraordinaires que évidemment j'avais en tête mais je le sentais pas. J'avais plein de choses à dire et plein de choses à faire. J'avais peur que ce soit transformé d'une manière ou d'une autre mais en fait pas du tout ! Au contraire ça a été mis en valeur par des compétences et une culture musicale différente.

 

Tu peux dire maintenant que tu es satisfaite ?

Je suis très contente oui !

 

En parlant de cet album, qu'est-ce que pour toi il apporte de plus ou du moins en quoi est-il différent du premier ?

Je crois que c'est pas en terme de plus ou de moins. Effectivement c'est différent, avec un premier disque on fixe quelque chose qui peut être très étalé dans le temps puisque par exemple dans mon cas je faisais de la musique depuis que j'avais 12 ans. Donc il y a pleins de morceau que j'avais écris quand j'avais 12 ans sur le premier. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a plein de morceaux qui on 5-6 ans. Alors que entre deux disques on a moins le temps. C'est quelque chose que je ne savais pas, c'est différent. Et puis il y a aussi le référent du premier disque, qu'on a évidemment pas quand on fait un premier disque. Ça peut être très angoissant mais ça peut être aussi libérateur.

Du coup pour le deuxième on veut faire mieux, on veut faire différemment. On a plein de choses à dire mais pas de la même manière. Je crois que c'est un disque qui est beaucoup moins noir, moins dark que le premier. Il est vachement joyeux. C'est assez marrant parce que ça a été compliqué de le faire, il y a eu des rebondissements et des moments difficiles et au final c'est un album qui a la pêche et qui est assez lumineux. J'aime bien ça m'amuse. C'est un album qui est plus pop !

 

Tu penses qu'il y a plus de maturité ?

La maturité moi je sais pas ce que c'est. Je sais pas peut-être que quand tu as fait 20 disques tu commences à savoir faire et encore je suis même pas sûre que ce soit intéressant de savoir faire un disque. C'est juste différent, ça a été fait dans des conditions différentes. Il y a eu d'autres intervenants. J'ai fait le premier disque quand j'avais 27 ans, j'en ai 30 ans. C'est le deuxième disque !

 

 

Ce disque sort le 4 mars, et il s'appelle BANDIT. Pourquoi ce titre ?

Le titre BANDIT c'est parti d'un morceau qui s'appelle "Running away" qui est sur le disque et qui parle d'un fugitif américain qui est en prison maintenant et qui s'appelle Colton Harris Moore qui était surnommé « The Barefoot Bandit » (le bandit au pieds nus). Et en fait c'est une histoire assez marrante, il s'est enfui de chez lui, il a commencé à se livrer à une espèce de course poursuite avec les policiers. Un truc complètement délirant ! Il allait dormir dans les maisons des banlieues chic des grandes villes aux États-Unis. Pendant que les gens étaient en vacances il squattait, il dormait, il prenait des trucs dans le frigo mais il volait rien de dingue. Il a rien fait de mal. Mais il y a un espèce de truc qui s'est installé avec la police. Il volait des avions et comme aux États-Unis quand tu passes d'un état à un autre c'est hyper compliqué du coup il jouait avec ça. Il envoyait des photos sur internet en disant « Coucou je suis dans les bois trouvez moi! ». Il y a un truc dingue qui s'est installé, les américains ont adoré cette histoire. Il y a eu des fans un peu partout, parce qu'il y a un  coté très romantique dans cette fuite. Un gamin épris de liberté qui fait tourner en bourrique la police, c'était assez marrant. Il s'est finalement fait arrêter. Du coup ça m'a inspiré ce morceau et j'ai pensé à ce surnom « Barefoot Bandit » et puis finalement « barefoot » ça n'avait pas beaucoup de sens donc j'ai un peu scotché sur le mot "Bandit" et je me suis rendue compte que j'avais beaucoup de textes qui tournaient autour de la fuite, des grands espaces. Il y avait toujours un peu cette imagerie là, le coté un peu romantique. Je sais pas pourquoi parce que le nom BANDIT a été trouvé vraiment à la fin. Je trouve que c'est un mot qui sonne très bien et même visuellement est beau quand on l'écrit. C'est quelque chose qui réveille aussi l'imagination, et ça me plait.

 

Parle moi un peu de la composition, y a-t-il eu un fil conducteur ?

C'est un peu ce que je viens de te dire en fait. On écrit toujours dans une période de temps du coup il y a toujours un état d'esprit qui est permanent pendant tout le temps ou tu écris l'album. Je crois que la ligne directrice c'est la fuite. Il y a un coté cinématographique dans l'album qui n'est pas forcément voulu mais c'est un disque qui se regroupe autour du titre qui a été trouvé après. C'est quelque chose qui a pris du sens. C'est pour  ça qu'un titre d'album est très important. Après il peut y avoir une chanson qui représente quelque chose. Mais tout doit fonctionner comme un puzzle. Je crois que le fil conducteur c'est ce que je t'ai décris quand je t'ai parlé du titre.

 

Comment as-tu composé ? Seule ou en groupe ?

Je fonctionne toujours de la même manière. L'album est plus pop, donc on a plus de synthé que sur le premier. On a travaillé un peu différemment avec Igor. Normalement j'écrivais toutes les parties et après on travaillait tous les trois. Là moi j'ai écrit toutes les parties après lui est venu pour donner sa patte et ensuite on a travaillé tous les trois. Donc il a eu un rôle un peu plus important pour les parties mélodiques, synthé etc. Il a une culture plus pop et plus mélodique, les sonorités ont été plus travaillées dans un état d'esprit studio. Alors que sur le premier on avait plus cherché a capter une énergie qu'on avait eu en live.

 

Comment tu envisages cette sortie ?

C'est marrant parce que comme je disais, ça a été très compliqué. D'ailleurs le label a été génial parce qu'ils ont été d'une grande patience. Ils m'ont vraiment soutenu alors que ça aurait pu être différent. Il aurait pu sortir alors que j'étais pas contente. Mais j'ai tellement attendu cette sortie, je l'ai tellement voulue, et en fait non…etc que maintenant que ça sort, je suis hyper sereine, je suis contente du disque. C'est fini, je suis bien ! Vraiment il y a 6 mois je pensais que je ne serais jamais dans cet état. (rire) Donc c'est top, je suis très contente. Je pense que c'est un beau disque. Je me sens en accord avec le disque, j'ai hâte de le jouer sur scène. J'espère que les gens vont l'aimer c'est tout ce que je peux dire. J'espère qu'ils vont se l'approprier et maintenant ce n'est plus moi qui décide !

 

 

J'ai vu sur ton site que vous aviez quelques dates de prévues. Est-ce que vous envisager de jouer plus loin ? En Europe ? Aux États-Unis ?

Bah tu sais on aimerait beaucoup après c'est vraiment une histoire d'opportunité…Pour l'instant on va déjà essayer d'aller se balader un peu partout en France et puis essayer d'avoir des trucs sympas, des festivals… On va essayer de défendre le disque le plus possible. Évidemment moi j'aimerais beaucoup aller aux notamment États-Unis. Mais je pense qu'il faut être patient. Chaque chose en son temps, pour le moment je suis là en France et après on verra !
 

Je vais te parler un peu de ton blog maintenant. Justement il m'a interpellé parce que tu es un des rares artistes à tenir un blog de cette manière. Quel rôle joue-t-il pour toi et ta vie artistique ?

Écoute c'était très naturel ce truc du blog. J'ai commencé quand j'ai signé avec le label. J'aimais bien l'idée de partager des questions sur le fait d'essayer de vivre de sa musique et d'être une jeune artiste aujourd'hui. Et puis j'aime bien écrire ! Le blog n'est pas hyper visité mais les gens qui s'intéressent à ma musique, à ce que je suis vont fouiller un peu. Évidemment, je raconte pas ma vie mais je parle de la condition d'artiste, de ce qu'elle représente et des sujets qui m'intéressent. Je mets pas non plus un post par semaine. J'essaie de faire ça de manière naturelle et sincère et de ne pas essayer de créer quelque chose de « spécial » en écrivant un truc « spécial » ! J'essaie d'être le plus simple et directe possible.

 

Sur ce blog, tu parles beaucoup de la condition de l'artiste et du fait que tu es désœuvrée. Comment tu gère ta vie au quotidien ?

Vivre de la musique je n'y arrive pas si tu veux tout savoir. Je ne fais que ça mais je n'en vis pas. J'ai la chance d'avoir un endroit où habiter, je ne suis pas à plaindre ni malheureuse mais effectivement c'est très difficile de se construire une vie disons « normale » vue les contraintes d'aujourd'hui. En même temps je suis une jeune artiste, alors j'estime que comme dans tous les métiers (surtout artistiques) il faut du temps pour arriver quelque part. Je suis bien entourée, j'ai un label qui me soutient donc je suis contente d'être là. Après comment je gère…j'ai pas d'autre solution dans le sens ou effectivement faire de la musique c'est vital et la question ne se pose pas. La question s'est posée quand j'étais plus jeune et que j'ai vraiment décidé que je ferai ça parce que rien ne me prédestinait à la musique à part mon envie personnelle… Mais peut être que ce qu'il t'a plu dans le blog c'est le coté apprentissage. Je me considère dans un espèce d'apprentissage de la condition d'artiste et je tiens à ça parce qu'il peut y avoir des moments difficiles auxquels tu ne t'attendais pas et en même temps tu n'es jamais blasée parce que tu as toujours des trucs géniaux à découvrir. C'est cette énergie à laquelle je tiens plus que tout. On apprend à être artiste.

 

Comment tu te places par rapport à cet affluence de nouveautés dues à internet et les nouveaux médias ?

C'est une période un peu étrange parce que c'est une période de transition mais qui ne termine jamais. En même temps c'est excitant parce qu'il se passe pleins de trucs. Pleins de gens font des expériences et font de nouvelles choses en terme de marketing etc…Même s'il y a pleins de modèles qui se dégagent c'est quand même intéressant ! C'est excitant, mais difficile pour en vivre. Mais on est tous dans la même barque et de toute façon j'ai pas le choix, je ne vais pas retourner en arrière ou aller dans le futur. En ce qui concerne les réseaux sociaux, on dit souvent que les fans sont plus proches des artistes. Moi j'y crois pas trop, on est toujours dans la construction d'une image. Ce n'est pas parce que tu postes des photos du quotidien que tu n'es pas dans la construction d'une image. Ce qui est nouveau c'est que c'est l'artiste qui le fait maintenant. Avant il y avait peut être des décalages avec ce qu'ils étaient vraiment. Je pense qu'il faut juste être conscient de ça et savoir ce qu'on fait. Si t'as envie de te prendre en photo avec ta famille pour tes fans c'est un genre. C'est clairement pas le mien !

 

L'artiste cherche peut-être plus à se démarquer et perd un peu de son authenticité. Comment tu vois ça ?

Non je ne suis pas schizophrène, je suis incapable de faire ça. Après il y a toujours la création d'une image mais ça peut être une image avec laquelle tu te sens en accord. Mais ça reste quelque chose que tu maîtrises, sinon ça peut devenir vite dangereux, même d'un point de vue psychologique…Euh je sais pas si j'ai répondu à la question ?

 

Si je crois (sourire) je parlais du fait que l'artiste cherchait peut être plutôt à se démarquer qu'à garder son authenticité…

Ah oui, pour moi ce n'est clairement pas le cas. Ça dépend des projets artistiques, certains sont plus baser sur des personnages etc… Moi ce n'est pas mon truc !

 

Merci ! Un mot de la fin peut-être ?

Ah désolé, je suis très nulle pour le mot de la fin. (sourire) Merci, à bientôt!

 

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