Ne vous méprenez pas, Pamela Hute est bien un trio, quoi que formé autour d'une demoiselle appelée Pamela. Pamela Hute d'origine, ça on l'ignore pour cause d'avoir oublié de le lui demandé. Reste que des questions, le groupe ne s'en pose pas

Pamela Hute

Ne vous méprenez pas, Pamela Hute est bien un trio, quoi que formé autour d’une demoiselle appelée Pamela. Pamela Hute d’origine, ça on l’ignore pour cause d’avoir oublié de le lui demandé. Reste que des questions, le groupe ne s’en pose pas tellement et faire preuve d’une jolie lucidité sur son succès en devenir. Interview la tête pensante du groupe.

 

 

Et encore une fois, le Bleu Lézard de Lausanne accueille un groupe en devenir. Et cela semble ravir cette jeune dame: “ça fait plusieurs fois que l’on vient jouer ici, on adore jouer ici. L’accueil est top, le public est hyper ouvert, prêt à découvrir des groupes. On y a toujours passé de supers moments. En plus, le fromage est super bon, j’adore (rires)”. Et de faire preuve aussi d’un certain sens critique envers la capitale française (plus loins, la France en prendre aussi pour son grade). “A Paris, s’il existe des lieux comme ici, la soirée serait bourée par trois groupes, mal reçus, c’est le bordel, tu n’es pas payé. Et ici, le public vient en plus… Donc vous méritez d’avoir l’album en avant première”. Dernière précision avant de débuter cet interview: le vernissage de l’album (DON’T HELP ME) est d’abord suisse. Etrange ? Pas tellement que ça: “En fait l’album est prêt depuis un petit moment. On attendait en France
avant de le sortir et en Suisse c’était le bon moment. Tout s’est mis
en place donc on s’est dit « allons-y ». Et du coup j’adore, je trouve
d’ailleurs très rigolo de commencer par l’étranger. En général, tu
commences toujours par ton pays, où se trouve ton label. Et le clin
d’œil au Bleu Lézard est aussi assez sympa je trouve”. Voilà qui devait être dit. Place aux questions.

 

” J’assume “

 

 

 

Lords of Rock : la phrase choc dans votre bio : « on mentionne la persévérance, on pourrait évoquer la passion. La voie du succès, toujours un chemin de croix ?

Pamela Hute : disons que trouver notre son, trouver notre groupe a pris du temps. Il y a beaucoup de compatriotes qui continuent mais changent de line up. De notre côté, on a pris le temps et voilà. Ce que l’on faisait il y a quatre ou cinq ans n’était pas du tout représentatif de ce que l’on voulait faire. C’était vraiment le début. Effectivement, je pense que quand on travaille, on finit toujours par arriver à quelque chose. Mais c’est vrai que la musique, ce n’est pas facile, ce n’est pas juste allumer son ampli…


La persévérance de pouvoir tourner aussi ? Rentrer dans le circuit ?

Effectivement, notre persévérance nous a permis de signer l’été dernier avec un super label qui s’appelle Tôt Ou Tard. La chance que je, enfin… nous avons, c’est qu’ils ont monté un autre petit label, Guess What. Ces derniers s’occupent totalement de ce que l’on faisait de notre côté, avant. On est forcément soulagé et donc plus concentré sur la musique, essayer de faire des bons concerts. C’est chouette ; on se dit qu’on a bien travaillé pour le coup… A chacun son boulot maintenant.


Tu as utilisé le pronom « Je » en parlant du groupe. As-tu commencé toute seule ?

En fait, je fais de la musique depuis longtemps, j’ai toujours écrit mes morceaux, j’ai monté un groupe quand j’étais… hum, ado. C’était horrible, mais bon c’est un groupe quand j’étais ado (rires). Le projet Pamela Hute a lui cinq ans. Nous étions quatre membres au début, un bassiste supplémentaire par rapport à maintenant. On a tourné comme cela pendant deux ou trois ans. Une décision a ensuite été prise. Un choix artistique de ne continuer plus qu’à trois. A quatre, ça ne marchait pas. Il y a le truc du synthé qui avait un rôle de décoration. Ce n’est pas du tout ce que l’on voulait. Et voilà, on a viré le bassiste (rires).

 

Le retour à des duos ou trios est déjà largement répandu…

Oui, eh bien je crois beaucoup au trio. Bon, le groupe à deux… Il y a plein de bonnes choses bien sûr, mais je trouve que c’est un peu une mode. En même temps c’est pratique, tu arrives, c’est parti. L’équilibre à trois est toujours assez bon, c’est une formule qui fonctionne bien, pas trop lourd. Tu peux toujours avoir ton son à trois.

 

Votre album a été conçu hors de Paris, en Dordogne plus exactement. La bonne solution ?

La question était surtout de savoir si l’on allait dans un studio ou non. On n’en avait pas vraiment envie, on voulait plutôt faire des expériences pour le disque. Du coup, on a trouvé une grande maison, super belle. On s’est balladé dans toutes les pièces, installé l’entier du matériel pendant une quinzaine de jours et voilà… Après cette expérience, je peux dire donc que oui, je crois vachement aux lieux, son influence sur le son. Notre album a donc une couleur particulière. On est vraiment content, c’est exactement ce que l’on voulait.

 

 

 

” On a viré le bassiste “

 

 

Des disques dans la tête durant cet enregistrement ? Des références ?

On adore tout le travail de production qui a été fait dans les années soixantes et septantes, bien sûr. Mais le but était aussi de chercher notre son à nous. Il ne faut donc pas le copier. S’en inspirer oui. (Elle réfléchit). Il y a plein de choses que j’adore, mais après je le garde pour moi, sans vouloir le reproduire.

 

Votre album contient une certaine dichotomie, entre les tubes très accrocheurs, qui fait qu’on pourrait voir Pamela Hute seulement sous ce profile de machine à tubes et des choses plus posées, plus sixties aussi. Comme si quelque chose se cachait derrière cette apparente légéreté…

Oui, c’est un peu mon contraste à moi. J’écoute beaucoup de pop, j’adore les mélodies, c’est vraiment ce que je recherche avant toutes choses. En même temps, j’adore l’énergie rock, ce qui fait du coup que je ne pourrais pas jouer de la pop, pas juste faire des ballades pendant une heure et demi. C’est impossible. Effectivement, j’aime bien jouer avec ça. Les deux directions nous conviennent. Je pense que c’est ce qui est intéressant : quand tu t’exprimes en musique, il y a des choses que tu as envie de dire avec énergie et d’autres d’une manière différente.

 

Toi qui est fan de Pulp, on retrouve justement ce contraste dans le dernier album de leur ancien leader, Jarvis Cocker (lire chronique ici)…

Oui, après c’est aussi une manière de faire à l’anglaise. Je me reconnais bien là-dedans.
A l’anglaise justement : n’y a-t-il pas eu des critiques devant vos textes dans cette langue-ci ?
C’est vrai qu’il existe un certain milieu chez les pros en France où tu retrouves des gens totalement opposés à l’anglais. « Bon, c’est vachement bien, mais pourquoi tu ne chantes pas en français ? ». Cela ne m’intéresse pas du tout : on fait une musique qui se chante en anglais, le but n’est pas de rester en France. On ne s’est d’ailleurs jamais posé la question : on n’écoute que de la musique anglo-saxone tu vois, à part quelques exceptions forcément : Gainsbourg, des gens comme lui qui sont très particuliers.
D’autant plus que l’on remarque quand dans les pays voisins francophones, on chante presque toujours en anglais… Et on ne leur reproche rien.
C’est vrai. Les Français ont un petit complexe, c’est certain (rires). Après il y a aussi des groupes français qui chantent en anglais avec un accent affreux. Si tu le fais, c’est bien, sinon ça n’en vaut pas la peine. Mais c’est en train de changer, de se détendre un peu. Il y a quand même quelques groupes comme Phoenix qui marchent vachement aux Etats-Unis. Le regard porté sur la scène française change, c’est indéniable.


Phoenix représente l’exemple à suivre, c’est indéniable n’est-ce pas ?

Oui, c’est un bel exemple, carrément. Ils ont bien su gérer le truc. Après c’est une grosse machine aussi. Mais effectivement, c’est une belle histoire, surtout aux Etats-Unis. Ils ont été super bien accueillis ; ça montre aussi qu’il y a un besoin de nouvelles choses et que tout le monde est ouvert à ça. En Angleterre, c’est encore plus difficile ; mais bon, une fois que tu as passé le cap Etats-Unis, les Anglais, ils commencent un peu à regarder et à se dire « bon, on va s’y mettre peut-être » (rires).

 

A propos de succès, pour vous aussi ça commence à plutôt bien marcher…

C’est le début, mais ce qui est rigolo c’est que l’album est sorti le 22 février en Suisse, avant tout le monde. Il n’est sorti nulle part ailleurs. Sortir son premier album est forcément quelque chose de spécial. La promo, les interviews, les vernissages, les concerts.

 

De la pression ?

Non non, je m’y prête bien car j’aime bien ce qui nous arrive et tout ce qui va avec. Voir sa photo sur des affiches, c’est fabuleux. J’aime bien qu’on parle de nous, pas de problème. J’assume (rires).

 

 

 

 

” Chanter « I Love You »,  très peu pour moi “

 

 


Est-ce dur d’assumer les multiples références que l’on vous fait à Blondie ?

Non, ça ne me dérange. Il y a quand même des bonnes chansons chez Blondie et puis il y avait un style. Après c’est n’est pas le groupe que je préfère. Il y a un petit côté kitsch mais en même temps un côté culte. Je comprends très bien. C’est toujours pareil : tu essaies de faires des chansons avec une fille qui joue de la guitare, blonde de surcroît. Finalement, il n’y en a pas 36, les références sont toujours les mêmes donc…


Plastiscines ?

Hum, ah non ça moins déjà (rires)… C’est un phénomène très parisien tout de même. Et c’est un peu dur pour elle d’ailleurs. Leur registre de groupes yéyé est assez restreint malheureusement. Bref (soupire)… Je ne me sens pas concernée en fait.

 

Opter pour l’anglais, c’est aussi un prétexte pour chanter des choses plus légères, en opposition à cette tradition des grands paroliers français ?

Peut-être au départ quand j’ai commencé, mais ce n’était pas vraiment un prétexte. Je crois que c’est venu naturellement. Pour ma part c’est toujours la mélodie, certains c’est tot en même temps. Les textes sont cependant importants pour moi. Je sais quand même raconter des choses et plus ça va plus c’est important. Je m’inspire de plein de choses et non, il n’y a pas de côté un peu branleur. Chanter « I Love You » et c’est réglé, très peu pour moi (rires).

 

Dernière question : combien de temps dure un concert de Pamela Hute ? Un rappel ou non ?

Le rappel dépend des gens (rires). Moi je ne suis pas très pour le rappel, mais on en a prévu un petit peu décalé. Je ne sais pas si ça marchera ce soir, on verra. Pour la durée, ça dépend aussi des soirs, globalement une heure, ou plus. Voilà, tu es déçu, tu voulais du croustillant (rires) ?

About Author

Check Also

No Return – Interview d’Alain Clément en direct du Hellfest

(Interview réalisé par Emmanuel le 25 juin 2022 au Hellfest) En cet après-midi pluvieux du …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *