Necroblaspheme

Le combo rend un bel hommage à son pays depuis un point de vue alternatif – et je ne parle pas que de musique – à travers ce disque. Pour ceux qui ne connaitraient pas ces rues malfaisantes et malodorantes, Belleville fut un temps le quartier des poètes, des camelots, des éclopés, des artisans, des artistes, des chanteurs, des rejetés, bref, le lieu du multiple et du complexe.

Le metal sombre est une affaire de longue date en France. Pour vous en convaincre rappelez-vous les excellents Sael, Orthanc, Antaeus, Deathspell Omega, Temple of Baal. Je pourrais en citer une page entière tant notre scène est riche. Mais voilà, certains groupes restent dans l’ombre d’autres s’exposent dans la lumière pour notre plus grand plaisir.

Necroblaspheme a la particularité d’avoir évolué depuis près de quinze ans dans différents registres, du brutal death en passant par le black, et maintenant un post black aux allures sludge.

En préparation depuis 2013, ce nouvel album est extrêmement soigné et cela à tout point de vue. L’artwork (signé Dehn Sora) met en avant quelques symboles et emblèmes français – de toute beauté – soutenus par un coup de crayon épuré et assuré. Les lampadaires, le coq, le marcassin retiennent mon attention, il y aurait beaucoup à dire sur cette (très belle) pochette. Le groupe avait déjà frappé fort avec Destination nulle part. Côté son, Francis Caste est aux manettes et assure un travail très appréciable, d’autant que l’ensemble est desservi en respectant l’esprit de l’album, si bien qu’on retrouve à la fois la puissance du combo et la sobriété du black metal voire le dépouillement total. Je vous le redis, le disque est « très » sombre.

Difficile de définir la musique des parisiens tant les référents sont multiples. Le propos est froid faisant tour à tour penser à l’excellent Ordo Ad Chao de Mayhem dans la texture des guitares et des vocaux, mais aussi à Darkthrone dans la froideur des tempi basse/batterie. Pourtant, le combo demeure tout ce qu’il y a de plus singulier.

Autant vous le dire, le disque passe vite, très vite. J’ai pu le réécouter plusieurs fois et je ne m’en lasse pas, on passe facilement d’ambiance glaciale «Hyperespace » ou « Freed » à des titres plus lourds comme « Le discours du bitume » qui, en plus d’être un titre chanté en français, rend un excellent hommage à cet énigmatique Emile Goudeau, poète de son état. Là encore, la référence est bienvenue, d’autant que Goudeau appartient à ce cercle très atypique des hydropathes, tout comme le grand Alphonse Allais, l’un de mes auteurs fétiche ! Bref, tout un programme.

Le disque reste très sombre donc idéal pour ceux qui veulent se donner un peu d’entrain avant d’aller se pendre avec leur cravate au travail un matin pluvieux de décembre.

Mon cœur penche pour « Waiting to Exhale » titre assez différent de ce que propose le combo, lent et mélodique. Que vous dire de plus ? Depuis le temps que je suis ce groupe (depuis le début), je regrette simplement qu’ils ne bénéficient pas davantage d’exposition au sein des médias musicaux. À écouter de toute urgence !

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