Il est certain qu'avec une offre si riche, il serait malpoli de faire son difficile. Comme le dit le communiqué de presse, cette édition semble dépasser toutes les prévisions en terme de chiffres.

Montreux, c’est fini!

Montreux, c’est fini! Et comme me dirait un ami Berlinois, c’est l’heure de faire le bi-lan! En 2 semaines de concerts, que retient un petit homme de ce 43ème festival montreusien?

 

 

Il est certain qu’avec une offre si riche, il serait malpoli de faire son difficile. Comme le dit le communiqué de presse, cette édition semble dépasser toutes les prévisions en terme de chiffres. Et en terme qualitatif? Abordons la soirée de clôture, samedi 18 juillet, celle où la grande star annuelle faisait respecter une certaine tradition montreusienne. Après notamment Leonard Cohen l’an passé, Isaac Hayes, le grand David Bowie en 2002 et j’en passe, Prince faisait déconner la billeterie lors de l’annonce de sa venue, il n’y a même pas un mois. Au programme: un double concert qu’on aurait aimé voir étalé sur deux soirs alors qu’il fut programmé à la suite. Nobs avançait une set-list spéciale, on ne fut pas déçu. Enfin, certains oui. Son concert surprise en 2007 ne comptait aucun tube, le premier tenu à 19h, non plus. Ou plutôt 19h40, retard convenu oblige… Le deuxième, tenu à 21h30, en présentait quelques uns, avec “Purple Rain” en final. Toutefois, la déception exprimée ne peu porter que sur l’orientation des deux concerts. Car franchement, on ne s’attendait pas à voir un Prince aussi sobre, aussi jazz et aussi bien entouré de musiciens exemplaires de sobriété. Si le rédacteur sus-nommé ne s’aventurera pas dans une énumération risquée des morceaux joués, force est de constater qu’il fut prêt à se repentir sur sa profonde conviction à dire du mal de l’artiste. Cela dit, permettons-nous de constater cet affreux décors emprunté à Zapoff, plus connu pour son MAD lausannois que pour ses oeuvres. Sur ce plan-là, il n’y a pas eu de surprise, ce fut affreux. Toujours très hype dans son parfait mauvais goût, Prince peut voir loin à l’horizon où seuls The Killers officient en tant que probables challengeurs… Au niveau musical, ce fut presque parfait. Pari – facilement – gagné pour un Montreux Jazz entretenant un peu plus une double légende: la sienne et celle de l’artiste.

 

Franchement, on ne s’attendait pas à voir un Prince aussi sobre, aussi jazz et aussi bien entouré de musiciens exemplaires de sobriété.

 

             Simian Mobile Disco

 

Satisfaction donc pour ce concert au Stravinsky Hall alors que le Miles Davis Hall laissait sur sa faim ce samedi-là. Au programme, on le rappelle: The Bewitched Hands On The Top Of Our Heads, visiblement plus contents d’être là que le maigre public lassé par des mélodies faussement euphoriques (on n’en dira pas plus), les finauds Simian Mobile Disco, la starlette Yuksek et heu… Birdy Nam Nam, manqués pour cause de concert au Stravinsky. Par ailleurs, l’amateur avisé d’électro aura vu en Yuksek un étrange croisement entre David Guetta et Sacha Funke: il y a de bonnes idées mais cela pêche toujours par trop de formatage à force de presser sur “power” alors que les développer subtilement sur la longueur apporterait contentement. Comme si un apprenti-équilibriste brusquait maladroitement sa parade et laissant cruellement entrevoir ses malheureuses lacunes… Et, honnêtement, ce Vocoder à répétition nous barbe aussi. Le Français aurait certainement pu trouver l’illumination en assistant à l’éclatante prestation de Simian Mobile Disco. Emmené par le génial producteur James Ford (Test Icicles, Absentee, Mystery Jets, Peaches, Arctic Monkeys, Klaxons etc etc), le duo britannique livre un concert canon, typiquement anglais: petite pilule euphorisante qui va droit au but avec un mix irréprochable, alternant tubes (“Hustler” ou “It’s The Beat”) et morceaux de l’album à venir, le mal nommé TEMPORARY PLEASURE. De la pure électro anglaise de stade, joyeusement rentre-dedans.

 

           Sound of Fridge

 

Voilà comment s’est terminée cette quinzaine montreusienne: elle fut à son image, alternant le mitigé et l’excellent. Excellent pour Scott Matthew tout d’abord, artiste à l’avenir autant doré que celui des Coming Soon, brillants au Jazz Café, les danois Who Made Who, totalement indomptables, le précieux et discret Sébastien Schuller, le trio berlinois Moderat, l’entraînant Mark Kelly, régional de l’étape, le splendide Alice Cooper et donc Simian Mobile Disco. Mitigé pour Klaxons, voire très déçu, visiblement trop pompettes pour assurer tout comme Lily Allen, The Rakes déservis par un son médiocre au Café, Bloc Party pas toujours convaincants malgré quelques jolies embardées, Jeff Beck franchement plat, Passion Pit proches du ridicule, le gag The Virgins (mais quand s’arrêtera cette vague rock?). Dans cet inventaire, nous ne classerons ni Prince, hors catégorie, Antony and The Johnsons, dans une configuration risquée et sur le fil, ainsi que les vainqueurs du Tremplin lémanique rock, Sound of Fridge, la belle confirmation d’un groupe talentueux. Voilà peut-être la future direction du Montreux Jazz: ne jamais arrêter de chasser les artistes en devenir plutôt que de trop tabler sur un choix prudent. Ecoutez-les, dans leur cave, ils n’en peuvent plus d’y rester, ils toquent à la porte et ne demandent qu’à jouer. Ils sont suisses, belges ou allemands, sont les futurs grands, écoutez-les, votre réputation n’est pas infaillible. Tout comme l’est la fidélité des fans de musique…

 

Voilà peut-être la future direction du Montreux Jazz: ne jamais arrêter de chasser les artistes en devenir plutôt que de trop tabler sur un choix prudent.

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