Marijuana Deathsquads

Comme vous l’aurez compris à la lecture de l’entête de cet article, le combo de Minneapolis n’est pas du genre à saturer ses morceaux de guitares électriques acérées. Ici, à la façon de Zombi, ce sont essentiellement une batterie et un synthé qui mènent la danse le tout recoupé de samples hallucinés et hallucinants. On est clairement dans quelque chose de très électronique et de très envoutant.

Le premier titre, « Ewok Sadnesse » nous annonce tout de suite la couleur de ce que sera cet opus : un délire hypnotique et mystifiant digne d’une très grosse prise de LSD, mais aussi proche de la philosophie zen la plus détournée au possible. Car il faut le savoir, Marijuana Deathsquads n’est pas juste, loin s’en faut, un groupe de tripés qui fait du bruit en bidouillant de l’électronique. Chez eux tout est calculé, censé choquer les attentes de l’auditeur en prenant des contrepieds groovy et dansants inattendus.

Le premier titre s’ouvre ainsi sur un chœur soutenu de sonorités électroniques qui procure une grande sensation de sérénité avant que nous soyons surpris par une voix agressive et psyché que relève une multitude de sons du même acabit. Avec cependant une nappe de fond océanique et apaisante, le contraste est saisissant en raison de la perte de repères qu’il provoque. Nous sommes ainsi transposés dans un univers paradoxal emprisonnant et entêtant. La batterie entre alors en scène et explose avec les sons qui l’accompagnent créant une véritable débauche d’énergie.

S’enchaîne par suite « Scheme » qui, comme son prédécesseur, ouvre sur une note calme et même océanique à la façon d’Eluvium. La batterie se fait martiale et la voix accusatrice, psychotique en plus d’être délirante. Ici encore le contraste est fort entre des sons électroniques prolifiques et excités et d’autres plus marins et tranquilles. On oscille entre l’envolée gracieuse personnelle et le bad trip le plus total. Le voyage se poursuit encore avec « Crosstown Crippler » du même moule mais qui joue beaucoup plus sur les distorsions sonores et temporelles accentuant le trip sonore.

S’ajoutent ensuite pour notre plus grand bonheur aux titres suivants d’autres éléments très riches et sidéraux qui maintiennent cette tension schizophrénique comme des chants tibétains ou des sortes de mantras (« Dissolve » et  « Sunglasses and Bail Money »), des sons « stroboscopiques » comme c’est le cas sur « Suge » ou encore des ambiances (incroyable !) New-Wave/Indus/Hip-Hop véritables mirages industriels.

Un excellent album de noise donc qui surprendra bien du monde et ravira les aficionados du genre. Un véritable shoot électronique et rythmique suite auquel on ne sait jamais si l’on est en enfer ou au paradis. Avec Marijuana Deathsquads qui nous emmène dans son trip sous acide génial, on nous sert sur un plateau à la fois tous les bouddhas du monde mais aussi les démons des mondes inférieurs…

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