Les Inouïs du Printemps de Bourges

Malgré le décalage horaire, on a croisé par hasard Sabrina, la chanteuse de Groenland sur skype. Du coup, on a discuté un peu.

LOR : Pour vous, le tremplin, c’est un bon outil pour décoller ? A Montréal, ça doit grouiller de jeunes groupes ?

Sabrina : Il doit y avoir quelques tremplins effectivement, mais en réalité on ne les connaît pas trop. On ne les a pas utilisés pour se faire connaître. On s’est rencontrés durant nos études pour la plupart des membres, et on a commencé à jouer dans les bars et les petites salles de concert. On avait trois ou quatre endroits favoris comme le Divan Orange où on allait tout le temps jouer ! Quand on a signé pour l’album, tout s’est accéléré. Au Québec, j’entends souvent que notre album est original, mais je sais dans mon cœur que l’on n’a rien inventé ! (rires). En fait, l’album a été créé après la vague indie de 2009-2010, et à l’époque il était plutôt novateur. Aujourd’hui, ce qui nous distingue c’est vraiment l’énergie qu’on dégage dans nos shows, et je ne peux pas prévoir comment cela va paraître au Printemps de Bourges !

LOR : Un tremplin ce n’est pas un concert comme les autres, est ce que vous vous préparez ?

Sabrina : On n’y a pas encore pensé ! En fait on aura autant de plaisir que les autres fois car dans tous les cas on fait ce qu’on peut. On a du fun, on fait au mieux sans se mettre vraiment de pression. Je me dis que si on est sélectionnés, c’est que je peux apporter quelque chose aux Inouïs, et que moi aussi je vais apprendre de cette expérience. Si ca ne marche pas, on n’est simplement pas à la bonne place. Après, c’est sûr que ce ne sera jamais aussi fluide que devant un public qui paie pour te voir.

LOR : Des projets futurs ?

Sabrina : On a quelques dates européennes, en Allemagne et au Royaume-Uni par exemple. Après on retourne en studio, le prochain album devrait sortir début 2016. Cet album dégagera sûrement la même énergie que le premier (« The Chase », sorti en 2013), mais c’est clair que le but est de surprendre notre public ! Alors oui on va garder notre esprit mélancolique, mais en trois ans de tournée nous avons tous évolué, et cela va se ressentir. C’est drôle car le premier album était vraiment instinctif, on était portés par l’énergie qui accompagne la naissance d’un projet. Je ne sais pas si le deuxième va couler aussi facilement, mais il va y avoir du contenu !

Groenland sera en concert le 27 avril dès 12h à la salle le 22.

A peine le temps de quitter Sabrina, de boire cinq pintes, de s’endormir, de prendre trois cafés, et hop ! On devait appeler Vincent, le fondateur de By The Fall.

LOR :By The Fall, c’est seulement toi ?

Vincent : Oui, à la base c’est un projet solo, même si j’ai eu l’occasion de jouer en groupe. Mais pour le concert à Bourges, on sera deux. Seulement guitare, voix, et quelques boucles.

LOR : Prêts à gagner alors ?

Vincent : On se prépare tranquillement, mais on ne voit pas le côté compétition. Pour nous, on a déjà gagné ! Jouer au Printemps de Bourges et profiter de l’ambiance du festival, c’est vraiment génial. Peut être qu’à dix minutes de notre passage on stressera, mais la on oublie ! C’est sûr que c’est compliqué comme exercice, convaincre le jury en trente minutes, c’est pas facile. Il faut aller chercher les gens dès la deuxième chanson, sinon c’est foutu. Mais j’aime cette pression, et je suis habitué aux concerts courts. D’habitude, j’ai plutôt peur de faire un concert long, voire ennuyeux. Une heure de guitare voix, cela peut être lassant. D’ailleurs, les bars de Clermont-Ferrand préfèrent inviter des groupes qui font une musique plus entrainante, je ne suis pas vraiment dans le créneau (rires).

LOR : Dur de réinventer la folk, hein ?

Vincent : C’est même impossible ! Enfin, certains y arrivent, mais je n’ai pas la prétention de vouloir créer quelque chose de nouveau. C’est une guerre perdue d’avance. Mais ce n’est pas un problème, tant que j’arrive à exprimer ce que je souhaite, c’est le principal.

LOR : Du coup, t’es un enfant de la folk ?

Vincent : Hum, pas du tout. A 14 ans, j’étais fan de métal, et j’avais les cheveux longs ! Mais ca ne m’empêchait pas d’avoir des goûts éclectiques, et c’est en écoutant Radiohead que j’ai commencé à me diversifier. Et puis, la musique j’en ai aussi fait mon métier. Je suis régisseur son dans une salle de spectacle à Clermont-Ferrand. Avant je partais en tournée avec les groupes, mais du coup je n’avais pas le temps de créer de mon côté.

LOR : Aujourd’hui, ton EP « Ashes » est sorti depuis un an. Alors, heureux ?

Vincent : En réalité, presque tous les textes ont bien 5 ou 6 ans, le plus vieux étant  « Watchtower ». C’est pour ca que j’ai appelé cet EP « Ashes », (cendres, en anglais). Cet EP, c’est un peu le témoignage d’une période qui pour moi est révolue. Même certaines chansons de l’album prévu pour cet automne commencent déjà à prendre de l’âge !

LOR : Ah, un album ! Retour en studio après le passage aux Inouïs ?

Vincent : Retour chez moi, plutôt ! Je fais avec les moyens du bord, je n’ai pas le budget pour aller en studio. Il me reste un ou deux textes à terminer, et puis on enregistrera tout cela, à plusieurs cette fois.

By The Fall sera en concert le 28 avril dès 12h30 à la salle le 22.

Avec Pira. TS, on s’éloigne du rock, mais que voulez vous, on a été attirés par ce trio beatbox (Tiko) / chant (Fish le Rouge)/ flûte (Sélim), et surtout le morceau « Aveu », petit bijou de poésie.

LOR : Votre pochette d’album représente une tête de mort. Vous êtes vraiment des pirates ?

Sélim : Pendant longtemps on n’a pas vraiment assumé ce côté rebelle, un peu punk, et il ne se ressentait pas trop dans nos chansons. Mais lorsque nous avons commencé à travailler avec le graphiste, on s’est vraiment affirmé sur ce point. Et c’est comme ça que le morceau « Etendard » est né d’ailleurs. Avec « Aveu », ce sont deux morceaux écrits à la dernière minute, peu de temps avant d’enregistrer. Mais on a aussi laissé tomber pas mal de titres qui ne collaient pas avec l’univers de notre album, ou qui n’étaient simplement pas adaptés à l’enregistrement studio. Certains morceaux sont faits pour le live, et en concert on joue toujours 5 ou 6 titres qui ne sont pas sur l’album. Ca garde une part de surprise.

LOR : En parlant de cet album : le projet démarre en 2008, « Trompe l’œil »  sort en 2014… Vous avez pris votre temps non ?

Sélim : On a pris le temps de vivre ! J’ai connu Tiko en 2007, on avait chacun nos groupes et on a participé ensemble à quelques festivals de Dijon et Besançon. Et Tiko a rencontré Fish par internet. C’est là qu’on a commencé à travailler ensemble, mais nous avons tous nos activités de notre côté. Tiko est dans un autre groupe (Under Kontrol) avec lequel il a été champion du monde de beatbox en 2009. D’ailleurs, il avait déjà participé au Printemps de Bourges en 2011, dans la catégorie « Découvertes musiques urbaines » ! Fish (le chanteur) aussi tient ses projets de son côté. Avant il chantait plutôt du ska, et faisait partie d’un autre groupe. Aujourd’hui, il donne ses propres ateliers d’écriture. C’est quelqu’un de très créatif. De mon côté, j’ai monté mon association (Twam Twam) avec un ami pour aider des groupes à démarrer. Cette association nous a permis de coproduire notre premier album « Trompe l’œil ». Notre mixité fait la richesse du projet Pira. TS, on se nourrit musicalement des autres. On marche par cycles de créations qui sont vraiment longs et agréables. On avance en pointillés.

LOR : Et l’album s’est construit sur scène avant d’être produit du coup ?

Sélim : Oui, on a beaucoup appris sur scène. Et on a été aidé par l’association « Projet Bizarre » qui a mis à notre disposition des salles de concerts, des résidences… Ils nous ont suivi dès le début. Mais les concerts se suivent et ne se ressemblent pas, on fait attention à toujours garder une part de folie. En général on fait un concert d’environ une heure, puis on se laisse une quart d’heure pour improviser, ou partir en freestyle. Et cela permet de faire évoluer nos chansons !

Pira. TS sera en concert le 26 avril dès 17h à la salle le 22.

 

Rendez-vous la dimanche prochain pour découvrir d’autres Inouïs !

About Author

Check Also

2024 : année de Johnny Mafia

Si vous écumez les festivals, que votre oreille est apaisée à l’écoute de sons crasseux …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *