Jo Dahan

Sept musiciens à la Boule Noire, autant dire que la scène est aussi complète que la salle. D’ailleurs, beaucoup de pères sont venus avec leurs ados boutonneux, sûrement pour leur montrer que eux aussi ils savent être rebelles ! Pas une minute à perdre, Jo Dahan démarre rapidement avec « C’était mieux avant », premier morceau de l’album et premier single. Accompagné de deux femmes pour les chœurs, l’ambiance punk anarchiste s’impose rapidement ! Pas de pogos parce que le public est sorti de la puberté, mais impossible de rester de marbre face au bassiste charismatique ! Le concert suit l’album, Jo Dahan enchaîne sur « Silence please », puis « Le Chant des Sirènes » dépose la douceur de sensualité. La voix qui semble faite pour gueuler en manif, se révèle suave à point. Retour du bordel musical avec « Minorité ». Les paroles sont parfois difficiles à saisir, mais on se reprendra sur l’album. « Elle y croit », « Musiques d’aéroport », « Encore 1 diamant », de nombreux titres de l’album sont joués avec des univers vraiment conviviaux.

On retrouve dans l’air ambiant le passé de Jo Dahan avec la Mano Negra ou encore les Wampas. Viennent plusieurs chansons inconnues, peut être des rejetées de l’album, ou des morceaux pas encore mûrs ! Un slow plutôt tranquille au synthé pour accompagner un dialogue entre Jo et une des chanteuses, un reggae plutôt psychédélique… Puis pour «  Ma langue aux anglais », Jo prend place à la batterie. Encore une fois pari réussi, avant de lancer le quart d’heure country : pas de batterie ni de basse, mais de l’harmonica, et de bonnes reprises, changement d’univers ! Un dernier morceau de l’album est joué : « Les salauds », laissant une ambiance mystique, puis on repart vers l’absurde lorsque Jo Dahan se met à chanter «  Je suis un chien qui ne pense à rien, ouaf ouaf ! Tout va bien ». Par contre, lorsque l’une des chanteuses révèle sa voix enfantine criarde, on tombe dans le quart d’heure supplice… Si on laisse les dernières minutes de côté, ce concert est une source d’énergie pour nos combats quels qu’ils soient ! En sortant, je n’avais qu’une seule envie : participer à une manif avec un pack de bières sous le bras.

Quelques jours après, il est temps d’écouter l’album ! Avec la peur d’être déçue, car Jo Dahan a clairement sorti un album fait pour le concert. Mais dès le premier titre, bonne surprise ! Le bordel du concert est bien rendu, et les paroles sont enfin compréhensibles. Du coup, on écoute attentivement l’anarchiste donneur de leçon. Encore un beat bien rapide avec « Silence Please », des textes humoristiques qui semblent légers mais qui ne le sont pas tant que ça ! Un morceau bien punk comme ode au silence, c’est un beau paradoxe ! Avec « Le Chant des sirènes », Jo Dahan sort un peu de son milieu. Le morceau est beaucoup plus aérien, voire électro, pour suivre des paroles encore une fois drôles et intelligentes. « Enfants de salauds » semble plus lourde par son intro, en abordant un sujet plutôt original dans le milieu de la musique : « Ils ont dépouillé ma grand-mère ». Pas d’autre explication possible, Jo Dahan doit être le genre d’auteur qui trouve son inspiration dans les petites colonnes des quotidiens.

La force de l’artiste, c’est la variété de ses sujets abordés : pas d’amour niaiseux, pas d’amour tout court d’ailleurs ! A part sur «  Tout le monde », et encore sa manière de l’aborder est plutôt crue : « Faut que tu me prennes sur le champ ou dans la cuisine ! » Pas de poésie à l’eau de rose chez Jo, et ca fait du bien. Des paroles authentiques, comme le concert ! Avec « Minorité », Jo fait la liste des marginaux. Le son est agréable, sauvage, et sonne comme un clin d’oeil si on se reconnaît dans certains qualificatifs. Pas de surprise instrumentale, mais le sourire est assurément sur nos lèvres lorsque la chanson se termine : « Mais les cons, en majorité !! » Aucun doute que tout le monde approuve. Enfin le titre éponyme, aussi léger que le reste de l’album, avec toujours des jeux de mots fins et une pointe d’humour. Le morceau reste néanmoins simple. L’album termine sur « La rue de Belleville », qui décrit la poésie de Paris dans un trajet nocturne. L’absence de batterie donne vraiment l’impression d’un chemin qui ne laisse aucune trace, comme le trajet qu’on a pris en rentrant du concert de Jo Dahan.

Jo Dahan est un homme de spectacle ! Le CD est loin d’être décevant, mais précipitez vous au concert si vous voulez tenter de cerner le personnage !

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