Hellfest… suite et fin…

Soyons-honnête, la nuit fut courte et ma tête a mal. Mais je n’aurais pas été sérieux de manquer nos amis de Lofofora, j’arrive péniblement sur un site qui accuse le coup de son troisième jour de cagnard et de gros son. Bref, les festivaliers sont moins nombreux qu’hier, tout du moins en apparence. En fait, il y a toujours autant de monde, mais les gens roupillent sur le sol ou dans la forêt non loin de l’espace muscadet. « Justice Pour Tous » et le « Fond Et La Forme » font mouche. Le son est bien claquant, l’ambiance est là c’est clair et net, Lofo était attendu de pied ferme. Le moment rigolo, c’est Maxime Musqua du Petit Journal de Canal Plus, qui déboule sur la scène et vient faire « des câlins » à la foule, au moment ou Reuno exige le circle pit, alors que Musqua vient de se jeter dans l’arène ! J’étais devant et je peux vous dire qu’il n’en menait vraiment pas large le jeune homme, malgré les images de lui tout sourire à la télévision lundi dernier…

C’est un fait, pour tenir le coup au Hellfest, il faut se ménager et il faut manger. Je pars donc en direction de l’espace restauration et néglige le show des allemands de The Ruins Of Beverast. Des amis me fustigent encore de l’avoir loupé. Que voulez-vous ? Les travers de porc avec frites maisons n’attendaient que moi. Je me pose à une table et discute avec un anglais qui m’explique que selon lui, Maiden est toujours aussi bon qu’en…1979, époque à laquelle il allait les voir en concert au bout de sa rue. Moment d’émotion, car ces rencontres durent 15 minutes, on se dit plein de choses personnelles et on ne se revoit jamais. Bref, j’en dis pas plus, mais ça restera un de mes moments forts du festival.

Lorsque Crowbar investit la place, il est 13H35 et le soleil qui, jusqu’à ce matin était un peu timide, laissant même la place à quelques gouttelettes, décide enfin de sortir de sa tanière. C’est sur « Conquering » de l’excellent BROKEN GLASS que Windstein and Co, investissent la scène.  Que c’est lourd, que c’est bon, que c’est tranchant. J’attendais ce concert avec impatience, je n’ai pas été déçu. « The Lasting Dose » Nous atomise la tête au dernier degré. Windstein beugle comme un âne. Il faut dire que le monsieur est en forme et ce titre – l’un des plus lourds – nous montre qu’il a bien eu raison de lever le pied sur la tise car le punch est de retour. Les excellents « All I Had I Gave » et bien entendu « Planets Collide » sont de la partie pour un show beaucoup trop court à mon goût.

Je me dirige aussi vite que possible dans cette fournaise qu’est l’Altar pour Repulsion. En fait, je me suis trompé, j’ai cru que le groupe commençait à 14H10 et en réalité j’ai une heure d’avance. Je poirote comme un gland et j’entends non loin de moi, les roumains de Dordeduh. Un de mes meilleurs amis (et directeur de nôtre fanzine) étant à moitié roumain, je me dois d’aller voir ce combo sous peine de me faire virer sans ménagement ! Je découvre un black metal très ambiant, limite gothique avec des relents orientaux. Je me rends compte que ce genre de groupe est une valeur montante à l’heure des Orphaned Land et consorts. À mi-chemin de Swallow The Sun et parfois Immortal dans les tempi de batterie très rapide mais surtout au travers d’une voix hurlée – presque pleurée – et hypnotique, il est difficile de rester de marbre devant ce set habité. À suivre donc.

Repulsion les darons du death-grind US, évoluent sous cette tente à 15H00. Quel gâchis, lorsqu’on sait ce que leurs doivent tout ces merdeux à mèche, tatoués des pieds à la tête. Je ne vais pas m’attarder des heures, mais franchement ces mecs-là ont la classe. Très peu de monde au final pour venir entendre les chefs-d‘œuvres que sont « Decomposed » «  Festering Boils » et le cover de Slaughter « Death Dealer ». Ça joue vite, à la limite du punk, pas de chichis, pas de jeu de scène, très peu de communication avec le public. La musique, rien que la musique. Le set passe très vite et il est déjà l’heure pour moi de rejoindre le Brésil.

Angra n’a pas eu le succès mérité depuis ces 20 ans d’existence. J’ai découvert ce groupe en 1995 et j’hallucinais de voir la puissance des compos et le niveau technique des Loureiro et Bittencourt. Matos ne m’a jamais laissé indifférent, pas plus que Confessori ou Mariutti mais le jeune Bruno Valverde, 23 ans, qui a récemment rejoint la troupe colle une sévère toise à son homologue Confessori, qui avait repris les baguettes récemment pour finalement les rendre. Peut être l’un des meilleurs batteurs que j’ai vu depuis le début du festoche (NDR. À ce moment là M. Gene Hoglan de Dark Angel n’était pas encore arrivé !) C’est une avalanche de tubes, de sourires et de gentillesse que le groupe communique. Tout y est « Angels Cry » « Nothing To Say » « Lisbon », l’excellent « Rebirth », « Carry On », bref, un concert costaud tenu de main de maitre par M. Fabio Lione de… Rhapsody Of Fire. J’ai découvert sur scène qu’il tenait désormais le micro. Franchement, je lui dis bravo car son niveau technique et scénique est meilleur que son prédécesseur Edu Falaschi. Quel concert, quel punch. Si vous avez ratez ça, cherchez sur le net et rattrapez vite le temps perdu comme vous le pourrez.

Je m’essaye à Alter Bridge, mais n’y arrivant pas, je préfère garder du jus pour la « très » grosse soirée qui s’annonce.

Lorsque je me rends sur la Mainstage 2, il est 19H40, j’attends de pied ferme les polonais de Behemoth, et apparemment je ne suis pas le seul dans ce cas-là. C’est au son de « Blow Your Trumpets Gabriel » que commence ce concert ultra glauque qui voit les musiciens vêtus de vêtements médiévaux, visage peint en blanc et noir, bassiste et gratteux, complètement statiques de part et d’autre de la scène, à tel point que je me demande si ce ne sont pas des mannequins. Le son est très clair, et en cette fin de journée, les couleurs du ciel – rose/orange –confèrent un côté apocalypse à cette musique démoniaque. Qu’on se le dise, tout ceci n’est que de la mise en scène, n’empêche que ça met un peu la frousse. Surtout que de la fumée blanche surgit en plein milieu de « Conquer All » donnant un côté un peu plus glacial à l’ensemble, emmené par un Nergal très en forme mais considérablement esquinté physiquement par ses récents soucis de santé, désormais réglés. Le groupe enchaine les compos en prenant soin au jeu de scène : sang, collier en pattes de poulets, feu, postures, etc. Ça joue très fort et Inferno prend soin de marteler ses peaux de grosses caisses avec un réel talent. Le concert s’achève, je n’ai pas le temps de comprendre ce qu’il s’est passé, qu’il me faut me restaurer avant d’aller déguster deux pièces de choix : Emperor et Black Sabbath. 

Tandis que je mange mon death burger, je me delecte de Soudgarden et constate que depuis l’espace restauration, non seulement le son est bon mais en plus, l’écran géant est largement suffisant pour relayer une image fidèle de ce qu’il se passe sur scène. J’en viens à un point très simple : au Hellfest, on ne profite pas forcément des concerts en étant tout devant, le nez dans les basses et la tête tordue à 45°c pour voir les mollets des zicos. Bref, je rejoins tranquillement la Mainstage 1 pour les norvégiens d’Emperor. Il est 22H00, Ihsahn tout de noir vêtu, lunette sur le nez, cheveux tirés, donne l’impression d’un intellectuel universitaire. Ce concert est attendu par beaucoup de festivaliers qui arborent en masse des tee-shirts flanqués à l’effigie du groupe. Ce soir est un soir particulier pour les norvégiens car ils reviennent là où tout a recommencé – en 2008 – après leur split. Le old school est à l’honneur donc ceux qui attendent des breaks de batterie hyper rapides et des claviers complexes tracent leur chemin. Non, ce soir, c’est l’heure de jouer l’intégralité du premier album culte IN THE NIGHSIDE ECLIPSE et en bonus deux morceaux de la démo de 1992 WRATH OF THE TYRANT. Old School donc, et retour de Faust aux baguettes ! Sobre, efficace, froid. Voilà ce qu’il faut retenir de ce set millimétré que vous pouvez retrouver sur le site d’Arte TV. Peut être le coup de cœur des ces trois jours !

Ceux qui ont loupé Black Sabbath tant pis pour eux. Sachez que malgré une scène rehaussée – rendant le visuel un peu dur pour ceux qui étaient tout devant – et la sobriété des décors noirs et pourpre, nos amis du sabbat noir ont mis le feu aux poudres. 23H15, « War Pigs » démarre et la classe du trio : Iommi, Butler, Osbourne est extraordinaire. L’homme au trois quart noir reste concentré sur sa guitare et communique assez peu avec le public. Au fond, peu importe, les notes sont envoyées avec soin et avec groove. Le tandem basse/batterie est génial. D’ailleurs je me réjouis que Tommy Clufetos soit aux baguettes. Le type connaît la chanson. D’ailleurs, c’est un certain Gene Hoglan que je vois débouler juste à côté de moi au cours du concert, le même Gene qui regarde Ozzy avec attention mais aussi son confrère batteur en faisant des gestes d’approbation avec sa tête qui en disent long ! Le concert est juste génial. Ozzy chante un peu faux, perd parfois le rythme, ricane à une blague que personne ne comprend, c’est ce qui fait de lui une sorte de fou génial. Que dire de ce moment, à la fois dérangeant et hypnotique qu’est « Black Sabbath » voyant un Ozzy visage recouvert de fard blanc, les yeux fermés, complètement habité par son personnage narrant une rencontre avec Satan. Un épisode vraiment mystique. « Fairies Wear Boots » ou encore « Rat Salad » sont des petites pépites dont on se délecte en concert et qui nous permettent d’apprécier la complexité du jeu de Black Sabbath. Les ambiances ne sont pas sans évoquer celles du Black Metal le plus épuré, comme pourrait encore le pratiquer aujourd’hui un certain Burzum. Ca n’est que mon avis, mais les ambiances sombres sont bien là. Le temps d’un « Children Of The Grave » et d’un seul rappel « Paranoid » Ozzy se met à genou devant son public et nous bénit avec un « God bless you ». Fin du set, il n’est pourtant que OOh40, Sabbath grignote quinze minutes mais quel spectacle. Je suis rincé.

J’ai fait le choix de voir moins de groupes mais de voir l’intégralité des prestations. Au Hellfest on peut picorer un peu à droite et un peu à gauche, tout le monde fait à sa guise. Quoiqu’il en soit ces trois jours ont été formidables.

Je voudrais remercier Roger d’avoir permis à Lord Of Rock de couvrir l’événement et de m’avoir reçu quelques instants à l’espace presse, je sais combien le temps des organisateurs est précieux. Merci à toi, donc. Merci au Hellfest d’exister et à la ville de Clisson d’accueillir ce festival qui compte beaucoup pour des milliers de gens !

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