Fhobi en live

 

En ce samedi pluvieux et froid d’une région parisienne miné par le temps, la politique et tout le reste, rien de tel qu’un bon festival itinérant de brutal-death pour vous déboucher les oreilles. Ce festival réunit six groupes FHOBI, Bloodshot Down, Adimirion, Bonded By Blood, Aborted et Vader. Le moins que l’on puisse dire c’est que certains de ces groupes auraient très largement mérité leur place avant les têtes d’affiches. Nous y reviendrons. La salle est très bien sonorisée, spacieuse, dotée d’un bar permettant à ceux qui le souhaitent de se désaltérer à coups de litron de bières. Bref, tout est en place pour passer un bon moment.

Je commence par « LA » découverte de la soirée qui se nomme FHOBI pour FeosHijos O BuenosInmortales. Vous l’aurez surement deviné c’est de l’espagnol et le moins que l’on puisse dire c’est que les sud-américains-suisses officient dans un registre peu ordinaire. Jugez-plutôt : Imaginez une rencontre entre Meshuggah et des musiciens issues de la scène latino ou encore Rage Against The Machine qui intégrerait les guitares de Fear Factory ou bien de la Salsa sur des grosses distos Laboga. Si vous parvenez à imaginer ce que serait ce genre de mélange, dites-vous que vous êtes loin du compte !

Le groupe composé de quatre zicos principalement venus d’Amérique du sud assène un metal teinté de rythmes latins, mais attention, pas dans la demie mesure. On avait bien vu Sepultura intégrer des éléments propres aux rythmiques samba à une époque, mais rien que des bribes au final. Ou encore, Angra, qui jouait intelligemment sur les polyrythmies brésiliennes de la samba et du Modinha.

 

 

FHOBI parvient à créer une musique vraiment metal mais complètement intégrée dans les racines du Reggaeton ou de la salsa. FHOBI ne se contente pas de mettre du tambour ou un sample salsa pour créer une ambiance latine. FHOBI est resolument un groupe de musique latine, mais métal ! Du coup la section rythmique est axée autour d’une basse/batterie hyper technique rapide mais saccadé, d’où la comparaison avec Meshuggah. Le groupe n’officie pas pour autant dans le « mathmetal ». Leur musique est plus directe. Franchement c’est la première fois que j’ai eu envie de danser le merengue en écoutant un gratteux disto à fond.

Puisqu’on parle de la gratte, venons-en à cet efficace mélange entre une gratte hyper carrée et un chant presque rapé très proche de RATM de part son timbre. La guitare assure son job et le moins que l’on puisse dire c’est que le boulot est exécuté avec précision et conviction. Ça joue propre, pas d’excès mais de l’efficacité.

Au niveau du chant on oscille entre le hip-hop et les grawls à la Sepultura. Très efficace ! Le jeu de scène est d’ailleurs à l’image du groupe, dansant et enjoué. On voit le chanteur et le bassiste mener quelques pas de danse latine ce qui ramène une fois de plus le groupe dans ses racines du sud. Le gratteux et le batteur restent très concentré sur leurs instruments, ce qui ne les empêches pas, de communiquer avec leur public.

Et si ce soir FHOBI n’a pas bénéficié de toute la tranche du public c’est bien dommage pour ceux qui ont cru devoir arriver pour les seuls Aborted ou Vader. Ce soir les vedettes jouaient en premier ! Petite anecdote : je me souviens début 99 avoir vu un petit groupe qui envoyait du lourd, un batteur monstrueux, un gratteux carré de chez carré. Nous étions 20 à tout casser dans cette salle parisienne. Le groupe s’appelait Godzilla… La suite vous la connaissez peut-être sous le nom de Gojira!

 

 

Si Bonded By Blood et Aborted, restent des valeurs sures, en ce qui concerne Bloodshot Down c’est la soupe à la grimace. Ils assènent un death moderne mais classique et au final peu intéressant. Le temps de me boire une mousse je découvre Adimirion qui joue son premier concert ce soir en compagnie des autres groupes et rejoint cette tournée européenne. Ils sont, dans l’ensemble, dans une caricature de musique technique, avec un chanteur qui pose, panard calé sur le retour. Dommage car les quelques bons plans sont vite oubliés dans ces avalanches de notes et de hurlements sans intérêt d’un chanteur aussi charismatique que Vincent Lagaf'.

Mention spéciale aux californiens de Bonded By Blood pour un trash retro à la Exodus (d’où le nom de leur groupe je le suppose ?!). Un chanteur permanenté affublé d’un marcel Metal Church gesticulant comme un dingue, à pieds nus sur la scène. Bref, une performance solide saluée par le public à l’unanimité. Un spectateur heureux décida même d’asséner son petit zizi à la foule et de tirer dessus quelques instants pour manifester son immense joie. Ah ! On est trash ou bien on ne l’est pas !

 

 

Aborted a t-il encore à voir avec un groupe belge quand on sait que seul le chanteur est Belge ? Je me pose la question car ce soir il est le seul à pratiquer le français sur scène et c’est assez amusant de voir que la langue de Molière passe toujours aussi bien pour annoncer les boulets de canon que sont "Global Flatline" ou "Dead Wreckoning". Bref un concert violent comme Aborted sait le faire. Ça envoi du lourd le public démarre quelques circle pit au cours duquel je vois un ou deux gugusses qui commencent à se prendre le crâne, les effets probables d’une consommation excessive de breuvage, tandis que d’autres commencent à accuser le coup : « Si la musique est trop forte c’est que t’es trop vieux ! ».

Bref le concert bat son plein, le temps d’une rapide rotation entre les Belges et les Polonais de Vader et les oreilles peuvent recommencer à saigner abondement. Personnellement j’ai adoré Vader jusqu’à LITANY (2000) et le WELCOME TO THE MORBID REICH (2011) m’a redonné envie de remettre le couvert. Ambiance très glauque, efficace, carré. Rien à redire. Le public bouge, mosh, beugle. On sent que la frange du public venu pour les Polonais va tout donner jusqu’à épuisement. En ce qui me concerne, je trouve le set bien exécuté mais assez linéaire. Et quel dommage que le groupe ne puise pas d’avantage dans son premier album ULTIMATE iNCANTATION, qui, à mon avis, est un pur chef-d’œuvre !

En tout cas la soirée fut bonne, assurément ! Maintenant un supo et au lit. Rideau.

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