Baxter Dury

Un opus laborieux, dont l’accouchement ne fut pas si aisé, selon les dires de son auteur : « cet album a été un dur travail mais maintenant je l’aime beaucoup. » Celui qui n’a osé chanter pour la première fois qu’à l’enterrement de son père le leader des Blockheads s’allonge à nouveau sur le divan pour partager ses peines en musique.

Ce londonien semble conscient des aléas de la gloire même s’il est aujourd’hui dans une phase adulée de la critique française. La construction de cet album est faite de retours en arrière, malgré un travail assidu dans différents lieux, Baxter Dury en est souvent revenu aux premières prises enregistrés chez lui avec un micro pourri. Pour cet album, il a également du retrouver un nouveau label.

On savait que Baxter Dury est un déclameur plus qu’un chanteur, il nous offre une surprise, un changement de registres, en effet il a commencé à écrire ses textes, ses propres histoires. La première chanson fut « Palm Trees », inspirée d’un grand centre commercial dans l’ouest de Londres, Westfield. Il raconte la petite amie d’un homme violent qui travaille là et passe sa journée à regarder des faux palmiers, en rêvant d’un ailleurs et d’une vie meilleure. Son seul répit: « c’est la seule dont elle dispose : un paradis artificiel mais une vie de merde. »

Baxter raconte d’une écriture assez lente, en attente de trouver le sujet de la chanson. « Ces textes portent sur des sentiments dérisoires et écoeurants, les sentiments stupides d’un homme sur son inadéquation. Mais ils sont assez maquillés, je ne crois pas qu’ils puissent être totalement compris par quelqu’un d’autre que moi. Le songwriting n’est jamais une évidence. C’est un exercice assez difficile, et je crois commencer à devenir assez bon. J’essaie d’écrire d’une manière qui soit ouverte, interprétable par chacun. »

Le sujet principal semble donc être l’inadéquation masculine. « Ce sont des peurs, la peur des relations entre hommes et femmes, la peur de mûrir, ce que l’on traverse tous. Des comportements bizarres, inexplicables, dans des situations courantes. Je ne devrais pas dire ça, mais en relisant les textes, j’ai eu l’impression de lire les commentaires d’un serial-killer à propos des femmes… Une impression bizarre d’homme en colère. Mais c’est accidentel : il n’y a évidemment aucune intention meurtrière chez moi, pas du tout. » Ardus rapports humains.

« It’s a Pleasure », bon présage que ce titre, on y trouve des mélodies obsédantes mais à coup sûr on y retrouve un côté sexy. La tournure érotique sonne comme la constante de cet album.

Mais, le titre qui élève l'album au niveau des meilleures pistes de HAPPY SOUL est sans nul doute « Whispered. » A contre-courant des autres titres de IT’S A PLEASURE, avec son côté dansant et entêtant, Baxter Dury livre une composition hypnotique aux sonorités bouclées empruntées à Giorgo Moroder, époque Midnight Express. L'apport de Fabienne Debarre aux claviers est essentiel et procure à ce titre une nouvelle dimension : le morceau s'envole à partir de la deuxième minute pour entamer un italo disco agrémenté de chœurs féminins et d'onomatopées susurrées par Baxter Dury. Les murmures sonnent comme la seconde constante de cet album. Ambiance frémissante garantie ! 

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