Arkhan

Sans plus attendre ce que l’on peut dire, c’est que ce nouvel opus est très réussi ; il fait du bien au moral. Le métal avait en effet connu fin 2000 une vague new-métal souvent infamante et désastreuse pour le courant dont aujourd’hui on ressent encore les séquelles. Heureusement et malgré tout, de nouveaux groupes fleurissent depuis comme un second printemps pour faire du bon métal : entier, sans compromis ou formules édulcorantes. Arkhan fait partie de ces nouveaux talents qui reprennent les rennes de la machine et font avancer la cause que seul les anciens jusqu’à il y a peu étaient encore capables de soutenir. Aujourd’hui la donne change…

C’est ainsi qu’Arkhan donne toute suite le ton avec en introduction des cris de petite fille horrifiée qui semble perdue dans un dédale froid et humide… L’argument serait facile et navrant si le reste ne suivait pas. Or ce n’est pas le cas. On est hard ou on ne l’est pas. Le carnaval fadasse des pseudos méchants « mainstream », très peu pour eux. Tout de suite après cette intro, on rentre en effet dans le vif du sujet. Batterie ultra rapide et double pédalier qui tabasse se joignent à des guitares très tranchantes, trash et heavy. On pourrait parler de riff à la Cannibal Corpse. Par suite, la voix du chanteur donne encore plus de lourdeur à l’ensemble. De facto, nous avons affaire à un vrai chanteur de death qui maîtrise son art. Voix caverneuse, profonde et grave, puissante ; on touche ici vraiment six pieds sous terre.

 

 

On pourrait croire à ce stade que le combo s’arrête là et que le boulot est fait. Pas du tout. Arkhan est bien plus qu’un énième groupe de death qui bourrine. Dans ce premier titre, comme pour les suivants, les quatre musiciens se permettent d’aérer et de rythmer leur musique en incorporant des séquences très variées. Par exemple, ces derniers jouent avec brio la carte du binôme ralentissements/accélérations. Un titre rapide et violent peut ainsi passer subtilement la minute d’après à un rythme martial et endiablé. Double pédalier en plus, la suite peut encore apporter un solo ravageur et faire suivre une guitare heavy qui « groove » façon Motörhead.

De manière ingénieuse, le combo s’approprie le meilleur de groupes éponymes tels Morbid Angel, Napalm Death, Entombed, Obituary et des groupes précédemment cités. En reprenant les riffs les plus pointus des uns et des autres, Arkhan se permet de rafraîchir un genre en manque d’inspiration avec talent. Les quatre musiciens créent en effet un death métal qui leur est propre et de grande qualité. On retrouve tant la lourdeur et le roulement dévastateur de Morbid Angel, la rapidité et la violence de Cannibal Corpse, le catégorisme des groupes de métal du début des 90’s, que le groove (revendiqué à juste titre par Arkhan) des groupes de heavy des 80’s. Véritable prouesse archivistique, le résultat final donne une synthèse du « hard old school » conduisant Arkhan à pratiquer une forme de death métal renouvelé et accrocheur. Cet opus est ainsi à l’image du style qu’il épouse : pas à la mode mais jamais démodé, conservateur mais toujours moderne. Au final, un disque que tous les fans de métal authentique devrait se procurer ainsi que tous ceux qui souhaiteraient découvrir ce style de la meilleure des façons.

 

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