L’Amalgame d’Yverdon ouvre ses portes pour la première fois de l’année. Nouvelle équipe, nouveau matos, nouveau bar. Les groupes français Stuck in the Sound et Eiffel inaugurent donc cette saison devant environ trois cents personnes (…)

Eiffel

L’Amalgame d’Yverdon ouvre ses portes pour la première fois de l’année. Nouvelle équipe, nouveau matos, nouveau bar. Les groupes français Stuck in the Sound et inaugurent donc cette saison devant environ trois cents personnes qui auront vibré aux sons des guitares électriques et à la vibe rock n’roll. Après un excellent concert d’ouverture, EiffelEiffel monte sur scène et nous prouve son talent. De nombreux titres du dernier album Tandoori colorent naturellement cette tournée. A cela s’ajoutent quelques titres phares du ¼ d’heure des ahuris, un titre de leur premier album et une adaptation d’un texte de Boris Vian mise en musique par Eiffel. Une play-list de rêve.

Les malheureux qui n’ont pas pu assister à cette soirée pourront se rattraper le 27 mars à l’Usine de Genève.
Quelques heures avant de fouler la scène de l’Amalgame, Romain Humeau et Eiffel répondaient à nos questions.

Eiffel revient en force avec son nouvel album Tandoori, comment se passe cette tournée ?
Romain: On l’a commencée hier à Annecy, donc on ne peut pas encore vraiment en parler. Mais on a fait une pré-tournée, le disque est sorti le 15 janvier en France et on a fait peut-être douze dates avant sa sortie pour s’échauffer un petit peu. Depuis le 15 janvier on a fait environ six dates, mais c’était dans un cadre spécial, car c’était à l’occasion des JMF (Jeunesse musicale de France). On rencontrait des gamins durant la journée et on jouait le soir pour eux.
Estelle: C’est un truc qui existe depuis 50 ans et qui permet aux gamins d’aller voir des concerts. Avant c’était surtout les petites classes, mais maintenant ça a changé et il y a même des jeunes provenant du lycée

Lorsque tu t’es investi dans ton projet solo, as-tu un instant songé à arrêter l’aventure avec Eiffel ?
Romain: On savait que ce projet était provisoire et qu’on allait repartir avec Eiffel.
Estelle: On faisait une pause avec Eiffel, on avait décidé de se retrouver pour le prochain album. Jamais on ne s’est posé la question d’arrêter ou pas.
Romain: Je trouve bien d’avoir un projet principal, mais par contre ça m’ennuierait beaucoup de faire toute ma vie la même chose. Cela permet des libertés artistiques aussi.

Est-ce que les comparaisons avec Noir Désir te flattent ou au contraire tu en as un peu marre d’entendre régulièrement que votre musique y ressemble?
On a assez dit qu’on était influencé par plein de gens dont Noir Désir effectivement, mais les médias devraient comprendre que c’est un grand tout et qu’ils font partie de ce grand tout en tant que référence de culture rock française. Cette culture est assez pauvre, il y a peu de gens à citer, mais les gens qui ont écouté Eiffel comprennent aussi les autres influences qu’on a citées comme les Pixies, Nick Cave, Nirvana et un paquet de groupes. En fait, ce n’est pas que ça nous saoule qu’on dise qu’on est influencé par Noir Désir, par contre c’est pas que ça. Noir Désir ça fait partie de la culture française, c’est un groupe qu’on adore, ils sont supers, mais ce n’est pas eux qui ont inventé le rock n’roll non plus. Ils font partie de la tradition rock n’roll et ce qu’ils font très bien, c’est de chanter en français. Et nous on arrive, on chante en français, alors les médias nous comparent à eux. Et si on se demande pourquoi les médias reviennent toujours sur le steak, je pense que tout le monde peut répondre assez facilement…

Est-ce qu’on peut parler de succès pour Eiffel ou le groupe est encore dans un milieu assez underground ?
On a le cul entre deux chaises. Il y a un côté assez agréable à ça, mais aussi un côté assez désagréable. On ne peut pas parler de succès car on n’a pas vendu assez de disques, mais en même temps on ne peut pas dire que c’est la loose. C’est notre troisième album studio, on en a vendu 100’000 exemplaire en tout. Pas seulement le dernier, mais tous les albums réunis, c’est génial. Il y a des groupes qui rament pendant cinq ans pour en vendre 4000 et nous en cinq ans on en a vendu 100’000, c’est chouette en matière de vente. On fait partie de ces groupe qui font des musiques différentes et qui n’ont pas une étiquette bien précise. En plus, on n’est pas assez rock français pour bien vendre en France. Mais tu vois, ce soir par exemple, on est hyper content de jouer avec Stuck in the sound, ils ont dix ans de moins que nous et sont aussi vachement dans cette culture-là, ils font leur petite route en France, mais ils n’ont pas droit à des choses médiatiques énormes. Nous on est un peu plus médiatisé, mais on n’est pas Superbus, Luke ou Louise Attaque. Et quelque part tant mieux.

Lorsqu’on lit tes textes, on sent l’importance de chaque terme, les jeux de mots sont très subtils, tu dois passer énormément de temps à écrire et à choisir quel mot sera le bon ?
En fait, j’écris régulièrement, je prends des notes, il y a des choses qui viennent soit de bouquins, soit de potes qui sont en train de parler. Par contre, quand j’écris c’est plutôt d’un jet et après je prends du temps pour retoucher. Mais je ne pense pas que ce soit si subtil que ça, il y a une volonté d’avoir un panard dans le réalisme et d’être aussi dans une BD pour enfant. Mais je suis aussi dans le langage châtié et ultra vulgaire. Le langage ça peut représenter les classes sociales et quand tu les mets tous dans le même texte, c’est un peu comme si il y avait une petite foule qui parlait. Je le vois comme ça, mettre les gens dans le texte. 

Quels sont vos projets une fois la tournée terminée ?
Pour l’instant comme on commence la tournée…
Estelle : De jouer le plus possible, de faire des concerts, des festivals. Bon après ce qu’on aimerait bien, c’est enregistrer assez vite, faire un nouvel album dès qu’on a le temps. Pourquoi pas même en cours de tournée.

Donc peut-être encore un album cette année ?
Pourquoi pas !
Romain : Mais il n’y a rien de fixé. Le projet c’est tourner et réussir à faire de beaux concerts.

Que penses-tu de la nouvelle scène française assez populaire ? (Bénabar, Sanseverino, Cali etc…)
Pour moi c’est des gens que je ne mets pas du tout dans la même catégorie. Sanseverino, hormis le fait que je trouve ça super, il n’y a aucun rapport avec Cali ou Bénabar. Mais je sais que ça fait partie de la nouvelle scène française. Sanseverino a le mérite d’avoir de l’humour et de bien assumer le fait que ce soit un galérien à la base. Cela fait peu de temps qu’il a du succès, il n’a pas vingt ans non plus, mais il en a rien à foutre et je trouve qu’il dégage quelque chose de rock n’roll. Par contre, le mettre dans le même paquet que Cali et Bénabar…. Après chacun dans le groupe à son avis, mais pour ma part, ce qui me casse les couilles c’est les gens de ma génération, les trentenaires qui chantent leur quotidien dans leur salon. C’est un truc que je ne comprends pas.
Christophe : Moi ça me fait délirer de voir des gars qui ont entre 25 et 35 ans qui écoutent des trucs des années cinquante. C’est ultra vieille France.
Estelle : C’est super pepère, et nous c’est vrai qu’on n’est pas du tout là-dedans.
Romain : Mais attention, pepère ce n’est pas du tout le fait que ce soit un piano-voix. Nous on adore ça, quand Higelin fait un piano-voix, ce n’est pas pepère. Et je préfère quand c’est Higelin qui chante l’amour que quand c’est d’autres, parce qu’il y a toujours une impression de danger, un truc salutaire, un truc qui a un rapport à la mort. On est plus proche du côté poétique d’Higelin que du descriptif de ces nouveaux chanteurs. Et ce côté kitsch de revenir toujours sur les années quatre-vingt. Ils vont encore te parler de Goldorak, alors oui cool, mois j’aimais bien Goldorak quand j’étais gamin, mais j’ai pas envie qu’on me parle de Goldorak. Mais attention, tous ne sont pas à mettre dans le même panier, ils ne sont pas uniformes.

Quel est le dernier disque que tu as acheté ?
Alors… c’est Johnny Cash, une compil’.

Si tu pouvais remonter dans le temps, à quel concert aimerais-tu pouvoir assister ?
Estelle : Il y en a pas mal.
Romain : C’est au Royal Albert Hall, un concert des Beatles quand Lennon a dit « Vous dans la fosse vous pouvez frapper des mains et vous dans les poulaillers vous pouvez faire claquer vos bijoux ». Ca, c’est la classe! (rires)

As-tu un pronostic pour les présidentielles qui approchent à grands pas ?
Christophe : Dieu seul le sait
Romain : Dieudonné seul le sait ! (rires)

Pour conclure, qu’est-ce que tu voudrais dire à vos fans Suisses qui liront cette interview ?
Estelle : Pour une fois on est content que l’album sorte presque en même temps en Suisse qu’en France, c’est la première fois. Et c’est plutôt cool, car on aimerait bien jouer plus souvent en Suisse. En général ça se passe bien.
Romain : Si il y a des gens qui ont écouté et qui ont plutôt kiffé et ben il faut qu’ils en parlent. Eiffel ça marche encore pas mal comme ça. On a des vagues et on est encore assez médiatisé mais après, tout le reste se fait de bouches-à-oreilles.

Lien vers la chronique de leur dernier album, Tandoori

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